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risible ce qu’ils appelaient le tarif Mackenna du célèbre tarif Mackinley, accusaient le ministère de coalition d’avoir porté pour premier fruit la « protection. » Mais pour ce qui est des droits intérieurs, il est clair que l’intérêt des finances anglaises eût été d’en étendre l’application sur un champ plus vaste. On a beaucoup reproché au gouvernement de ne pas l’avoir fait. À cette abstention relative, il y a peut-être une raison pratique, c’est que l’Angleterre ne possède pas la machinery, l’organisation administrative qu’il lui faudrait pour un grand développement des impôts de consommation ; elle a si bien simplifié sur ce point son appareil fiscal que celui-ci ne se trouve plus en mesure d’être au moment voulu aussi productif qu’il serait désirable. Quoi qu’il en soit, les impôts indirects ont produit 81 millions de livres en 1914-15, 121 en 1915-16 ; ils doivent en produire 136 en 1916-17. De mai 1914 à l’exercice courant, leur rendement aura été ainsi haussé de 80 pour 100, tandis qu’on demande une augmentation de 140 pour 100 à la taxation directe.


VI

C’est donc à l’impôt direct qu’est demandé le plus gros de l’effort fiscal de guerre. Ici non plus, le gouvernement ne cherche pas à innover, il se sert de ce qu’il a ; négligeant les petites taxes secondaires, laissant même de côté les droits de successions qui ont été récemment surélevés, il s’attache à l’income tax, instrument fiscal déjà ancien, qu’il a bien en mains, et auquel le public est plus ou moins habitué. Déjà ancien ? Oui, puisque l’Angleterre l’a connu dès le temps de Pitt, et que, rétabli par Robert Peel en 1842, il a fonctionné sans arrêt jusqu’à nos jours. Pourtant, il a subi de tels changemens depuis dix ans qu’au début de la guerre on aurait pu dire qu’il ne se ressemblait plus à lui-même. Autrefois, c’était un impôt réel, proportionnel, et non global, sur les divers revenus, qu’il frappait séparément en cinq « cédules. » Dans chaque « cédule » il était perçu soit sur déclaration, soit autant que possible par retenue « à la source, » c’est-à-dire à l’encaissement. Pas de déclaration du revenu global, sauf en un cas : [1]

  1. Voyez le rapport de la Commission d’enquête de 1906 concernant le régimes de l’income tax.