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pas assurée, ils feront échouer toutes les combinaisons. A plusieurs reprises, durant ces trois journées d’agitation, le Roi s’efforce vainement de vaincre leur résistance : il leur rappelle que les troupes roumaines sont à cinquante kilomètres de Sofia, et que le péril est pressant. Tout est inutile, Radoslavof persiste à refuser sa collaboration.

Le dernier de ces entretiens avec le Roi avait eu lieu dans la matinée du 17 juillet et, sans doute, il avait formulé sa volonté de n’être ministre qu’à l’exclusion absolue des autres partis. Le même jour, à cinq heures, il était rappelé au palais et, le Roi lui ayant déclaré qu’il se pliait à toutes ses conditions, il se chargeait de former un ministère. Dans la soirée, ce ministère était constitué et Ferdinand signait les nominations. Le parti slambouloviste et le parti libéral en faisaient tous les frais. Radoslavof, homme sans principes, d’une éducation rudimentaire, quoique élevé en Allemagne, y figurait comme président du Conseil et ministre de l’Intérieur, et son coreligionnaire politique Ghénadief, non moins vénal que lui, mais plus habile et plus absolu, comme ministre des Affaires étrangères. Leurs collègues appartenaient tous au même groupement, les autres chefs de partis ayant refusé les portefeuilles secondaires qu’on leur offrait.

A peine ministres, ces personnages qui, quelques instans avant, proclamaient la nécessité d’une politique belliqueuse, se transforment et deviennent des partisans de la paix. Leurs exigences antérieures n’étaient qu’en surface et avaient eu pour but de renverser le Cabinet Danef ; maintenant, ils s’empressaient de rassurer sur leurs intentions les représentans des Puissances et leur annonçaient spontanément qu’ils allaient demander à l’Autriche de leur proposer la réunion d’un congrès qui réglerait toutes les questions soulevées par la guerre et se prononcerait sur l’autonomie de la Macédoine.

La constitution de ce ministère n’était pas également approuvée partout., Dans les milieux favorables à la Triple-Entente, on s’étonnait que le Roi eût confié le pouvoir à Radoslavof, dont les sympathies pour l’Allemagne et l’Autriche étaient connues ; mais, lorsqu’on lui exprimait cette surprise, il répondait que, réduit à accepter les conditions des vainqueurs, seul moyen d’arrêter les hostilités, il n’avait trouvé que Radoslavof et ses amis qui fussent prêts à prendre une décision rapide. Alors que