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est sous tes ordres et je profite de son départ pour te recommander ce jeune homme. Il est mon cousin-germain. Je désire lui faire une pension. Mande-moi quelle somme je pourrais fixer pour sa pension. Il se répand une nouvelle qui parait très fondée. On dit que Bernadotte est nommé, par l’Empereur, roi de Suède[1], que l’empereur de Russie veut son frère et que les Suédois penchent pour ce dernier et qu’en confidence ils ont refusé net Bernadotte. On dit l’Empereur très en colère et qu’il leur avait fait signifier que s’ils ne l’acceptaient pas pour roi, qu’il réunirait la Suède au Danemark. Adieu, mon cher fils, je t’embrasse et je t’aime tendrement.

« JOSEPHINE. »


L’Empereur avait écrit, à la date du 20 juillet : « Je vois avec plaisir… que tu aimes Genève. Je pense que tu fais bien d’y aller quelques semaines. » D’où le projet du voyage en Suisse ; mais l’Empereur avait dit aussi Milan ou Navarre pour l’hiver, et Joséphine trouvait toujours des prétextes pour retournera Malmaison, où elle espérait être tolérée, car on l’y voyait sans plaisir, et elle le savait ; mais pourvu qu’elle ne quittât point Paris et les environs, ses marchands et son monde, elle était prête à tout supporter.


Aux eaux d’Aix, ce 23 août (1810 ? ).

« Je vois avec regret, mon cher Eugène, que la saison s’avance et qu’il ne me reste plus assez de temps pour aller en Italie. Le désir d’attendre la Reine m’a fait prolonger mon

  1. La nouvelle que Joséphine donne à son fils de la nomination de Bernadotte à l’expectative du trône de Suède, ne saurait étonner Eugène qui, deux fois, durant son séjour à Paris, a refusé l’offre que lui en avait faite l’Empereur parce qu’il eût dû apostasier.