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fréquemment le théâtre des « exploits » des sous-marins chargés d’intercepter les arrivages d’Amérique.

En revanche il n’est guère question, jusqu’ici, de torpillages en plein Atlantique. La diversité des routes que l’on peut tenir dans le large faisceau des « lignes de communications, » des Puissances de l’Entente avec les deux Amériques, avec l’Afrique occidentale, avec l’Asie même[1], compliquerait singulièrement, en les étendant outre mesure, les randonnées que peuvent faire, en surface, les submersibles les mieux pourvus, les plus endurans. Comme je l’ai dit ici, déjà, le grand croiseur sous-marin du large n’est pas encore né. Ne jurons pas, toutefois, qu’il ne soit en gestation dans quelque port d’Allemagne. Nous avons eu des surprises qui doivent nous rendre circonspects en fait de négations[2].

Il semblerait donc que, dans le cas d’un paquebot chargé dans l’Amérique du Nord pour l’un des ports atlantiques des Alliés de l’Ouest, la méthode de protection dût être assez simple, s’inspirant seulement de l’intérêt de « couvrir » le bâtiment aux atterrages, soit au départ, soit à l’arrivée, comme dans le cas précédent.

Ce n’est cependant pas si simple, et pour de nombreuses raisons, dont quelques-unes assez délicates.

Remarquons d’abord que les submersibles allemands sont munis des appareils les plus perfectionnés de la télégraphie sans fil. Je ne surprendrai personne en disant qu’en dépit des recherches fort consciencieuses, nul n’en doute, des agens du gouvernement des États-Unis, les pro-Germains répandus sur l’immense territoire de l’Union doivent conserver encore un certain nombre d’appareils émetteurs capables de communiquer avec un sous-marin en croisière à une faible distance du littoral de l’Atlantique. Il en résulte que celui-ci sera prévenu en temps utile du départ, sinon de tous les navires qui vont faire route vers l’Europe, au moins des plus importans par leur taille, ou de ceux qui transportent une cargaison particulièrement intéressante. Et le pirate, le plus souvent, pourra donc s’embusquer à coup sûr.

  1. Beaucoup de paquebots, venant d’Asie, passent en effet, déjà, par le Cap de Bonne-Espérance.
  2. Justement, à la date du 2 décembre, il est question d’un croiseur submersible de 5 000 tonnes.