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D’ailleurs, à l’Est et au Sud-Est du point terminal de la ligne considérée, toutes facilités de ravitaillement en pays amis, Bulgarie, Empire ottoman[1]. Je ne parle pas de la Grèce : on sait assez ce qu’il en est. Quant aux régions qui s’étendent au Sud-Ouest du point initial du trajet, le moins qu’on en puisse dire, c’est qu’il est fort à craindre que beaucoup des sujets du très loyal gouvernement des Espagnes marquent encore aux sous-marins allemands ou autrichiens une coupable complaisance dont il est fort difficile de restreindre les effets.

Dans de telles conditions, comment s’étonner des succès, quelquefois retentissans, toujours continus, de nos redoutables adversaires ? Du moins conviendrait-il de prendre ici, pour la défense de transports si souvent chargés d’un matériel de guerre indispensable et, fréquemment, de troupes, des précautions toutes spéciales. Plus que jamais, nous nous trouvons en présence de cas d’espèce, de cas compliqués, dont chacun exigerait un examen particulier.

Il faut pourtant se borner. Disons d’abord que lorsqu’il s’agit de transporter du personnel ou des cargaisons particulièrement précieuses, il n’y a pas à hésiter sur la solution qui consiste à raccourcir le plus possible le trajet maritime. La ligne Marseille-Salonique comporte en effet plusieurs parcours, et c’est déjà diminuer de 50 p. 100 les risques de mauvaises rencontres, que d’emprunter jusqu’à Brindisi, Tarente ou Reggio, le réseau ferré de l’Italie. Le procédé s’impose d’autant mieux que la surveillance du canal d’Otrante et de la partie Nord de la mer Ionienne est fort bien organisée. Il est même question d’une sorte de « barrage » du canal au sujet duquel il est bon de faire des réserves.

Mais ce n’est pas tout : si nous faisons partir notre bateau de Brindisi, par exemple, nous ne sommes pas obligés de l’acheminer sur Salonique exclusivement par la voie de mer, puisque, tout près de lui et à peine hors de vue de la côte italienne, s’étendent les terres de l’Épire et de la vieille Grèce. Or, il y a là des routes et des chemins de fer qui, plus ou moins directement, sûrement en tout cas, au moment où j’écris ceci[2],

  1. On a découvert et détruit beaucoup de stations de ravitaillement des sous-marins sur la côte de l’Asie Mineure. Il en reste encore et il s’en crée certainement de nouvelles.
  2. Avant les événemens du 2 décembre à Athènes, survenus en cours d’impression.