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règlement du comptes, le geste d’appel se termine en guet-apens organisé.

A l’origine de cette dernière histoire, les petites Vêpres athéniennes du 30 novembre et du Ier décembre ; continuées les jours suivans, il y a des conversations de diplomatie « latérale, » spontanée ou officieuse, libre ou autorisée, mais dont le caractère, malgré toutes les explications qui ont pu être demandées et données, demeure assez, obscur. Quoi qu’il en soit, c’est sur la substance réputée positive de ces entretiens, confirmés ensuite par une lettre, et rendus authentiques dans les formes de la diplomatie officielle, que s’est fondé l’amiral Dartige du Fournet pour présenter au gouvernement grec la note à laquelle le Roi et sa séquelle allemande ont fait répondre par l’attentat. A titre de compensation pour les canons, les munitions, les approvisionnemens livrés honteusement aux Bulgares, avec le fort de Roupel et les autres forts de la Strouma, l’amiral réclamait la remise d’un certain nombre de batteries, d’un certain nombre de fusils, d’une certaine quantité de munitions, puisque, de ces lâches complaisances, l’ennemi avait tiré un avantage, qu’il pouvait user contre nous d’obus et de cartouches fabriqués ou procurés par nous et payés de notre argent ou d’argent que nous avions prêté; puisque aussi bien, l’armée royale n’étant animée que de l’ardent désir de ne pas se battre, — du moins on nous le faisait entendre, et, en tout cas, pas à côté de nous, — elle devait être démobilisée elle pouvait être désarmée, elle allait être ramenée de Thessabe, où nous l’avions trop près sur les épaules, et internée dans le Péloponèse. Ce n’était pas, tant s’en faut, la première réclamation du même genre que l’amiral Dartige du Fournet adressait au roi Constantin, parlant à la personne, un peu falote, de M. Lambros ou de M. Calogeropoulos ; et, à la longue, il s’était établi, comme par un consentement tacite, une manière de protocole de ces cérémonies chroniques, d’après lequel le gouvernement grec commençait par dire non, secouer la tête, lever les bras au ciel, et finalement s’inclinait dès que l’amiral faisait la grosse voix et le menaçait de la voix, beaucoup plus grosse encore, de ses pièces de 305. Mais, cette fois, le commandant en chef des escadres alliées avait eu soin de rédiger selon les règles un véritable ultimatum, ce qu’on appelle dans le langage de l’école un ultimatum a parfait, » à échéance fixe et sous peine de sanctions déterminées. L’échéance tombait justement le 1er décembre. Dans la semaine, et jusque dans les vingt-quatre heures qui précédèrent, les assurances, les promesses, les sermens purent faire illusion, entretinrent la confiance que tout irait