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pourrions appeler minima, c’est-à-dire à la famille de trois enfans. Ces primes seraient données, dans les conditions qui vont être dites, à la troisième naissance et à chacune des suivantes, à condition que deux enfans au moins, nés antérieurement, soient vivans. A qui donnera-t-on cette prime ? A toutes les familles, devons-nous répondre, d’après les idées émises plus haut. Ici cependant, une difficulté se présente ; quelques-uns craignent de provoquer ainsi des naissances dans des milieux, chargés de tares diverses, où il faudrait plutôt les éviter. Il y a peut-être là un trop grand souci des cas exceptionnels. Quoi qu’il en soit, M. Breton, député du Cher, évite en grande partie cette difficulté au moyen d’une assurance qui exigera une visite médicale préalable, permettant de ne pas donner le bénéfice de la prime aux pères et mères indésirables. Les primes seraient réservées aux familles qui, au moment du mariage ou dix mois avant la naissance de l’enfant, se seraient assurées à cet effet, la somme à payer pour l’assurance étant extrêmement minime (quelques francs par an). La prime serait uniforme et donnée à tous les assurés. Son montant pourrait être fixé à mille francs. Elle ne serait payée qu’autant que l’enfant atteindrait l’âge de six mois et serait exigible à ce moment : elle constitue donc aussi un encouragement aux soins à donner aux enfans du premier âge.

Des objections n’ont pas manqué de se produire au sujet de ces primes. Le système d’assurances répond à certaines d’entre elles. D’autres objections sont d’ordre sentimental : quelques-uns sont choqués par cette idée de prime. Devant l’immensité du danger, il n’y a pas à s’arrêter à des considérations de cet ordre, si on pense que la prime puisse concourir à l’augmentation de la natalité. On a dit aussi : dans certains milieux cette somme sera gaspillée. Assurément, il y a des gens qui usent mal de tout ce qu’on leur donne, mais nous croyons que dans notre pays si économe, j’ai même dit trop économe tout à l’heure, ce sera l’exception, et je suppose plutôt que, dans nos laborieuses campagnes, la prime pourra être utilisée pour l’achat d’une vache ou d’un lopin de terre depuis longtemps convoité ; ailleurs le capital sera mis à la caisse d’épargne. Il ne serait d’ailleurs pas impossible de trouver quelque moyen pour empêcher une mauvaise utilisation de la prime par certains pères, en donnant, avec des modalités à préciser, la prime à