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la mère, comme l’autorisent des lois récentes. J’écarte les objections relatives à la dépense. Si les supplémens de charges financières ainsi imposés aux citoyens n’ayant pas trois enfans étaient considérables, il faudrait s’en réjouir, car c’est qu’alors notre population augmenterait sérieusement. Par malheur, il n’en sera pas ainsi actuellement, car il n’y a pas en moyenne trois enfans par ménage, Et puis, comme l’a dit le professeur Richet, qu’est-ce qu’une prime de mille francs pour la naissance d’un Français qui, adulte, représentera par son travail une rente annuelle de deux mille francs ? Il nous paraît que la prime à la naissance est, dans l’ordre strictement économique, le plus puissant, moyen dont on puisse disposer.


Nous avons déjà dit, et il ne faut pas se lasser de le redire, que nombre de lois ont été établies sans aucun souci du relèvement de la natalité, et en oubliant que la famille est véritablement la cellule de la vie nationale. Bien plus, certaines lois ont contribué indirectement à la diminution de la population ; telle la loi sur les accidens du travail qui, excellente à certains égards, a le tort de pousser les patrons à n’engager que des célibataires ; telle aussi la loi sur le travail des enfans. D’autres lois, loin de favoriser les élémens vitaux de la nation, ont condamné le Trésor à des dépenses dont personne n’a pu fixer l’étendue, ne faisant aucune différence entre des vieillards qui n’ont eu que peu de charges, dont beaucoup sont responsables de leur misère, et ceux qui, ayant eu le mérite d’élever une famille nombreuse, n’ont pu faire d’économies pour leurs vieux jours. À ce point de vue, la loi sur les retraites ouvrières est d’une injustice flagrante,

Ce n’est pas non plus dans les lois fiscales que nous trouvons un grand souci de favoriser la famille nombreuse. Les impôts de consommation, si lourds en France, atteignent les familles proportionnellement au nombre de leurs enfans. Aussi devraient-elles avoir, en compensation, une exonération sérieuse du côté des impôts directs. Or, il n’en est rien ; ces impôts frappent aussi plus lourdement les familles nombreuses, par exemple l’impôt mobilier, puisque pour ces familles le local occupé est plus considérable.

Il en est de même de l’impôt sur le revenu, malgré les