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sous-marin par semaine[1]. Il n’est pas aussi facile de savoir, — si surprenant que cela paraisse, — combien nous en avons détruit depuis vingt-neuf mois. Les Amirautés gardent volontiers le secret sur un chiffre qui ne les satisfait peut-être que médiocrement, ne répondant pas assez à de consciencieux efforts. Toujours est-il que la production excède de beaucoup la consommation et qu’il est sage de compter que la belle saison prochaine verra la mise en jeu, — non pas à la fois, bien entendu, mais relèves comprises, — de 150 navires de plongée allemands et autrichiens. Le prince de Bülow parlait même, assez récemment, de 220 unités. Mais il est clair que l’ancien chancelier de l’Empire y met de la complaisance. Jamais on ne néglige la « manœuvre morale » chez nos ennemis.

Sur les 150 unités dont je viens de parler, il y en aura au moins trente, de tonnage moyen, pour la Méditerranée. Une vingtaine de sous-marins écumera les côtes de l’Espagne et du Maroc, poussant jusque dans le golfe de Gascogne. Comptons-en quelques-uns encore pour les débouquemens de la Manche, du canal de Bristol et du canal Saint-Georges, et admettons que ceux-ci, comme les précédons, seront des unités déjà fortes, des 1 200/1 500 tonnes. La mer du Nord et la Baltique, au contraire, seront desservies par des submersibles de tonnage relativement faible, — quelques-uns sont construits à Hoboken, près d’Anvers et arrivent à Zeebrugge par les canaux ou même sur rails ; — mais les grandes unités réapparaîtront pour les opérations sur le littoral de la Norvège et au-delà, vers la Mer-Blanche. Comptons cinquante submersibles de tailles et de facultés très diverses pour les mers territoriales allemandes et pour les eaux du royaume Scandinave de l’Atlantique.

Reste une trentaine, environ, de grands submersibles pour la haute mer, pour le large. C’est le moins que puissent avoir nos adversaires, s’ils veulent obtenir des résultats vraiment sérieux et organiser des croisières continues sur les faisceaux de routes de navigation qui convergent vers la Grande Sole ;

  1. L’éminent ingénieur italien Lorenzo d’Adda, qui visita les chantiers allemands avant la rupture de la Triple Alliance, en décembre 1914, admettait le chiffre de huit sous-marins perfectionnés par trimestre. Mais les Allemands ont beaucoup développé, depuis, leurs moyens de production.