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cela suppose en effet la constitution de relèves assez fréquentes, de trois mois en trois mois, par exemple.

Ceci posé, que ferons-nous, d’abord, pour la Méditerranée, le théâtre qui, au point de vue militaire, apparaît aujourd’hui comme le plus important de beaucoup ?

Mes lecteurs pensent bien que je suis obligé de garder ici une certaine réserve. Non pas, je le crains, que nous puissions rien apprendre à nos adversaires, — on sait assez pourquoi ! — mais enfin, peut-être…

Bornons-nous donc à rappeler ce qui est déjà connu et, pour ainsi dire, officiellement annoncé : nous multiplierons nos bâtimens légers ; nous armerons peu à peu tous nos « cargos » susceptibles de porter un peu d’artillerie ; nous leur donnerons aussi la T. S. F, et ce sera un grand progrès.

L’aviation navale, aussi, se développe et on en attend d’heureux résultats dans cette mer d’élection des eaux pures, si souvent tranquilles sous la radieuse lumière qui les pénètre.

Ce n’est pas tout, cependant. On avait reconnu, dès le début, qu’un efficace moyen d’agir contre les sous-marins était de supprimer leurs petites bases de ravitaillement fixes ou mobiles, ces dernières étant constituées par des bâtimens ou seulement des barques de pêcheurs « neutres, » que l’appât de profits considérables appelait régulièrement à des rendez-vous à la mer fixés par les sous-marins. L’augmentation très marquée du rayon d’action de ceux-ci les rend beaucoup plus indépendans aujourd’hui ; la plupart d’entre eux ne se réapprovisionnent plus qu’à Pola ou à Cattaro, après une croisière de vingt à vingt-cinq jours. Cependant il y a beaucoup à faire encore, dans l’Ouest de la Méditerranée ! notamment, pour empêcher certains pêcheurs ou caboteurs de rendre des services journaliers aux submersibles allemands. Les préoccupations que laisse voir en ce moment le gouvernement espagnol nous donnent déjà de sérieuses garanties. Une entente des deux diplomaties fera le reste, avec une étroite surveillance de la côte marocaine.

Et ceci nous conduit à l’organisation de la défense sur le littoral européen de l’Atlantique, où nous nous trouvons en face de difficultés du même genre. On a lu dans tous les journaux de fin décembre que les sous-marins se ravitaillaient aux Canaries par l’intermédiaire des équipages des navires