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croiseurs sous-marins, ceux du large, ceux qui opéreront en plein Atlantique Nord et encore plus loin, dans la mer des Antilles, ou bien entre le cap San Roque et les îles du Cap Vert ?

Certes, les procédés depuis longtemps connus de la guerre de croisière s’étaient montrés fort efficaces dans la première phase du grand conflit. Mais ces procédés sont, en définitive, toujours fondés sur la découverte visuelle du chassé par le chasseur ou par les auxiliaires de celui-ci. Quand le chassé ne se montre pas[1] ou qu’il ne se montre qu’à de trop rares intervalles et sans que l’on puisse rien inférer de décisif de l’examen du « graphique » capricieux de ses apparitions, comment faire ?… Compter sur le hasard et se dire qu’en mettant en jeu beaucoup de croiseurs de surface. appuyés de fins limiers, utilisant la ruse des faux « cargos, » peut-être aussi l’étendue du champ de vision d’appareils aériens, on finira bien, un jour ou l’autre, par découvrir à portée de canon le subtil adversaire et à l’atteindre, si toutefois il ne peut plus plonger… C’est possible, à la rigueur. Mais que de difficultés pratiques à l’organisation de cette toute nouvelle « guerre du large, » même en installant des jalons de lignes d’opérations, des pivots de manœuvres de recherche sur toutes les îles de l’Atlantique Nord qui appartiennent aux Alliés : Terre-Neuve, Açores, Bermudes, Bahama, Martinique, Cap-Vert, Madère I Et comme tout cela sera long ! Et combien énervante pour les peuples l’attente de résultats tangibles, alors que les destructions de paquebots continueront, et que le « nouveau blocus » fera son œuvre !

Que faire donc, encore un coup ?…

Il faut faire du nouveau, nous aussi, nous surtout qui inventions si bien, autrefois ; il faut faire du nouveau et ne pas se contenter de développer, d’améliorer, les anciennes méthodes, car enfin cette guerre se transforme tous les jours, on l’a fort bien dit, ici même. Et comment voulez-vous lutter contre un ennemi qui invente, — ou qui se sert avec tant de maîtrise des

  1. Le torpillage du Rîgel (voir à ce sujet l’Illustration du 2 décembre 1916) pose la grave question de savoir si les Allemands n’ont pas résolu le problème d’exécuter leurs lancemens de torpilles sans recourir au traditionnel périscope. Il se peut aussi qu’ils aient réussi à rendre ce périscope invisible, peut-être en le revêtant de glaces qui réfléchissent la surface de la mer. Toujours est-il que, torpillé deux fois, le Rigel n’a jamais aperçu l’instrument de visée du sous-marin Et la mer était calme !…