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Au dehors, la nuit continuait à s’illuminer de blancheurs soudaines : presque à toute minute, une fusée filait de la ligne allemande avec un sifflement doux et, parvenue au sommet de sa courbe, ouvrait son cône de neige et l’épanchait sur nos tranchées. L’ennemi était seul encore à posséder de ces pièces d’artifice qui le mettaient à l’abri des surprises nocturnes. C’est vers cette époque aussi qu’il commença d’employer les grenades à main et les minenwerfer. Mais nous avions de bonnes raisons pour ne pas sortir de l’expectative : l’insuffisance du ravitaillement avait sensiblement fait diminuer dans l’après-midi la violence de notre feu ; dans le Sud même, le bruit du canon perdait de son intensité. En revanche, au Nord, pendant toute la journée du 16, on entendit, vers Nieuport, une forte canonnade. De ce côté, l’offensive semblait aller bon train.

Dans notre secteur, elle n’était que provisoirement suspendue. L’amiral avait mis à profit les quelques heures de répit qui lui étaient accordées pour étudier une position de repli entre le Kemmelbeke et l’Yperlée : les 2e et 3e compagnies du 1er régiment en réserve du secteur commencèrent à creuser des tranchées sur le tracé choisi. Mais, dans la soirée, il fallut suspendre le travail : l’ordre venait d’arriver d’attaquer en avant de Steenstraete à la pointe du jour. Cette attaque, destinée à épauler nos troupes qui opéraient dans la région du littoral, devait se combiner avec une attaque générale du groupement Hély d’Oissel et du 20e corps, le premier en direction du carrefour Ouest de Bixschoote, le second vers le bois triangulaire et Korteker-Kabaret.

Pour monter cette attaque, le général Hély d’Oissel désignait la brigade de marins, à laquelle il envoyait en renfort la 1re compagnie cycliste et une batterie d’artillerie à cheval, qui devait prendre position à l’Est de Cockhuit ; le général Balfourier, commandant le 20e corps, désignait de son côté 1 500 hommes de la 11e division d’infanterie. Le principal de l’effort revenait, comme on le voit, à la brigade.

L’amiral prit en conséquence ses dispositions : toute l’artillerie du secteur entrerait en action dès 6 heures du matin.

    taine de vaisseau Delage caressait cette figure pâle, encore salie d’une boue glorieuse dont je n’avais pu le débarrasser complètement. Vers 15 heures, accompagné du commandant, l’amiral, averti, venait voir ses troupiers : il était un peu, lui aussi, de Saint-Nicolas du Pélem, comme Le Moalic. — « Je les propose tous les trois pour la médaille militaire, » dit-il en sortant. »