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se tiennent. On négocie L’équivoque persiste et les contradictions continuent. Seulement, Mme O’Shaughnessy, dont le mari a, dit-on, renoncé pour un temps à la carrière diplomatique, n’est plus là pour les observer avec son esprit sagace et les noter de son crayon coloré.

Cependant, beaucoup de ses prévisions sont devenues des réalités : la ruine du Mexique est à peu près complète. Indice sans réplique : la piastre, après avoir valu 2 fr. 50, avait encore cours aux environs de 2 francs à l’époque de Huerta ; elle est tombée à moins de cinq sous. Qu’on juge du gouffre où s’engloutissent les milliards apportés jadis par l’épargne étrangère et, pour une part si forte, par l’épargne française. Ceux qui tournent parfois les yeux vers cet « imbroglio » mexicain sur lequel planent tant d’obscurité, tant de mystère, ne se reporteront pas sans fruit aux confidences épistolaires que nous venons de résumer.

Il convient d’en laisser d’ailleurs toute la responsabilité à leur auteur. Il y a des critiques, il y a des jugemens qui sont permis entre concitoyens et dans lesquels l’étranger n’a pas à entrer. C’est par ses parties les plus générales, par son caractère historique et documentaire que le livre de souvenirs de Mme O’Shaughnessy méritait d’être signalé. Par lui on s’expliquera mieux, peut-être, quelques-uns de ces phénomènes d’anarchie qui mettent gravement en péril les grands intérêts économiques que la France possède dans ce Mexique dont l’avenir est si inquiétant et si incertain.


JACQUES BAINVILLE.