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George et Kitchener, l’industrie britannique a pu réaliser les prodiges que nous voyons ? Que peut-on espérer au-delà ?

« Ce n’est donc que par l’épargne que nous pourrons réserver et rendre disponibles pour la guerre les produits et services qu’elle réclame. Il faut nous priver, c’est-à-dire nous abstenir de consommer des produits et services, dans la mesure où la guerre en a besoin. Il faut nous abstenir d’abord et surtout, dans la mesure du possible, d’acheter à l’étranger, pour réduire la charge de nos paiemens extérieurs et alléger les difficultés (change et fret) de nos importations de guerre. Il faut aussi, et tout autant, restreindre nos dépenses à l’intérieur du pays. La nation ne pouvant pas produire plus de tant dans l’année, nous n’avons le droit de prendre là-dessus que jusqu’à concurrence de ce que la guerre ne prendra pas. Tout ce dont nous nous priverons, c’est autant de matières premières ou de journées d’ouvriers que nous libérerons pour la Défense nationale ; peu importe si ces ouvriers, ces matières, ne sont pas directement applicables aux emplois de guerre, car indirectement, par le libre jeu des forces économiques, le résultat sera le même, et ce sera autant d’obus et de grenades de plus pour le front. Inversement, tout ce dont nous userons sans nécessité, c’est autant de matières et de journées que nous distrairons du service de guerre, dont nous privons la flotte ou l’armée, tout comme, proportions gardées, le sous-marin ennemi qui coule un bateau chargé d’armes ou de munitions.

« En épargnant, nous remplirons un devoir patriotique. Et aussi un devoir social, lequel d’ailleurs coïncide avec notre intérêt particulier : en effet, puisque nous consommerons moins de tels et tels articles, le prix de ces articles baissera, de par la loi de l’offre et de la demande, et de cette baisse nous profiterons, nous et nos concitoyens. L’économie est la clef du problème des prix.

« En n’épargnant pas, au contraire, nous infligeons au Trésor un tort financier, un tort matériel à l’armée, à nos soldats, nous compromettons la résistance du pays. Et tout cela » sans profit pour nous. Car qu’arrivera-t-il ? Les prix des choses monteront de plus en plus, d’abord parce que nous consommerons davantage, puis parce qu’à l’inflation du crédit succédera celle des prix, si bien que du fait de cette hausse nous serons un beau jour bien forcés de nous priver de ces choses, ne