Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 37.djvu/667

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES MÉMOIRES
DE
« ESSAIS SUR LA MUSIQUE »
DE GUÉTRY

Pourquoi nous rappeler aujourd’hui le musicien de Richard Cœur de Lion et du Tableau parlant, de l’Amant jaloux et de Zémire et Azor ? Peut-être pour avoir passé quelques semaines d’été près de Fontainebleau, aux portes du palais où maint ouvrage de l’admirable autant qu’aimable musicien fut représenté pour la première fois. On a raconté qu’un jour, un soldat, de faction dans une galerie, voyant passer Grétry, lui présenta les armes et lui dit : « J’étais hier à la première représentation de Zémire et Azor. » Ce n’est pas tout : en relisant les Essais, un passage nous a frappé. A propos de l’un de ses premiers opéras-comiques, Lucile, où se trouve le fameux quatuor : « Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille ? » Grétry se flatte d’y avoir pu déployer « la sensibilité domestique, si naturelle à l’homme né dans le pays des bonnes gens. » Or ce pays, son pays natal, c’était le pays de Liège. « Qu’il me serait doux, ajoute Grétry, d’y voir fleurir le commerce et les arts, autant qu’il m’en parait susceptible, par sa position et le génie de ses habitans ! Partout environné de nations aussi commerçantes que formidables, dont il sépare les limites, il devrait jouir de tous les avantages de la liberté et de la neutralité. » Voilà, n’est-ce pas, des propos et des vœux dignes de nous émouvoir aujourd’hui.