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Et voici un autre raisonnement, pour le moins aussi simpliste, et plus facile encore à battre en brèche, parce qu’il a une vague prétention de s’appuyer sur quelque chose comme une donnée précise ; — et cependant il me semble qu’il rassure. La science, il est depuis longtemps entendu, n’est-ce pas, qu’elle n’explique et n’expliquera jamais rien du tout, si ce n’est les bagatelles du seuil ; plus elle marche, plus elle pénètre, et plus elle développe en avant de notre route les champs déjà démesurés de l’inconcevable, plus elle nous apporte l’effroi, le vertige et l’horreur. Toutefois, dans les troublantes officines de ses investigations que nous appelons laboratoires, elle vient de faire une découverte qui n’a pas eu, semble-t-il, le retentissement mondial qu’elle mérite, mais d’où l’on peut déduire quelque espoir. Naguère encore on disait : la matière est divisible à l’infini, — eh bien ! il ne paraît plus que ce soit vrai pour la matière organique. On disait : aux yeux de la Nature, il n’y a pas des choses grandes et des choses petites ; l’œuvre créatrice peut s’exercer jusqu’à l’infini, dans le petit comme dans le gigantesque, car les microscopes, à mesure qu’augmente leur grossissement, nous montrent toujours, toujours des organismes aussi compliqués chez de plus infimes microbes (qui sont, bien entendu, férocement armés pour en tuer d’autres), et, plus le grossissement augmentera, plus il nous en montrera encore, sans limite qui puisse être atteinte. Eh bien ! ce n’était pas vrai : un moment arrive, un moment plein de révélations insondables, un moment très solennel, où il n’y a plus rien. En effet, on a découvert que si, entre deux surfaces absolument, mathématiquement planes et polies, on comprime, à l’excès, du plasma, il n’y reste plus ensuite aucun germe pouvant encore donner de la vie, même élémentaire, tout y est mort par écrasement, mort pour être devenu trop petit ; il y a donc, dans la petitesse, une limite que la Nature créatrice ne peut plus franchir, et au-dessous de quoi tout son pouvoir, que l’on supposait souverain et innombrable, est en défaut.

Alors, si nous prenons pour exemple ces demi-êtres si spéciaux, déjà tout juste appréciables au microscope, dont la communion, au dire de la science, suffit à assurer la continuité des races, et