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lequel s’achevaient les préparatifs allemands. Les investigations de la cavalerie, les renseignemens obtenus par avions et par d’autres voies, ont bien signalé la présence de sept corps allemands suivis de la Garde et précédés de quatre ou cinq divisions de cavalerie manœuvrant sur la rive gauche de la Rieuse. On a bien connaissance de la force des garnisons abritées dans les camps retranchés de Metz et Thionville. Mais, sait-on au juste ce que représentent les deux armées du kronprinz, du duc de Wurtemberg et, derrière, connait-on même l’existence de l’armée von Hausen ?

On n’ignore pas que le groupement du Luxembourg belge peut avoir trois corps (Garde, XIXe, XIIe et une division de cavalerie) ; on a appris, un peu tardivement d’ailleurs, que le groupement du Luxembourg-Thionville se compose de trois corps (VIIIe, XVIIIe, XVIe) avec deux divisions de cavalerie. Les avions signalent la marche vers Saint-Hubert, ou encore dans la région de la Sure, de ces colonnes ennemies se portant d’Est en Ouest ; on a bien connaissance de fortes organisations allemandes derrière la Lesse entre Rochefort et Dinant ; nos avant-gardes se sont heurtées à des bivouacs ennemis vers Etalle, Neufchâteau, etc. L’opinion la plus répandue dans l’armée est que les forces allemandes, lancées sur le territoire belge, sont d’environ 14 corps ; sept au Nord de la Meuse et sept au Sud. Ce que l’on ignore encore, c’est que les 14 corps actifs sont doublés d’autant de corps de réserve, — corps de réserve dont l’ennemi avait soigneusement dissimulé l’existence et dont les récentes publications allemandes nous permettent maintenant d’affirmer la présence sur les lieux. Von Hausen, dont l’armée est à peine reconnue, a, au moins, un corps de réserve nouveau ; Wurtemberg en a deux ; le kronprinz en a trois et deux corps actifs (le Ve et le XIIIe) en plus que ceux qui ont été signalés. Sept ou même huit corps nouveaux, telle est donc la « surprise » que les combinaisons du grand État-major allemand nous ont réservée.

Il faut ajouter, d’ailleurs, à l’éloge du haut commandement français, que s’il ignore, peut-être, ce qui fut ignoré de tout le monde, il n’en oppose pas moins, sur l’ensemble du front belge (Sambre, Meuse et Semoy), y compris l’armée belge et l’armée britannique, aux vingt-cinq corps d’armée allemands la valeur de vingt-deux corps alliés : de façon que, s’il y eut « surprise »