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profits réels ; le fisc en effet use d’une large tolérance vis-à-vis des armateurs qui, au lieu de grossir les dividendes actuels de leurs actionnaires, appliquent ces recettes exceptionnelles à des constructions neuves. C’est un encouragement indirect à reconstituer l’effectif des cargos et des liners ; d’autant plus que les steamers du type courant, qui se construisaient avant la guerre pour 175 à 200 francs la tonne, coûtent 450 francs d’après les contrats nouveaux. Si toutefois les chantiers britanniques n’ont livré que pour 42 millions de francs de navires marchands l’an dernier, au lieu de 275 millions en 1913, c’est que les commandes de l’Amirauté, pour la marine de guerre, ont absorbé le plus clair de leur activité.


III

La hausse des prix, autre phénomène consécutif de la guerre, ne résulte pas seulement de la paralysie des transports et de la tendance au particularisme ; elle a des causes qui la rendent universelle, car elle s’étend sans cesse à de nouveaux domaines. En Angleterre, elle est en moyenne de 60 pour 100, variant suivant les objets de 5 à 200 pour 100 ; le zinc par exemple valut un moment trois fois et demi plus qu’en 1913. Déduction faite des impôts récens sur le thé et le sucre qui jouent leur rôle dans ce renchérissement, il ne serait plus que de 54 pour 100 ; et, comme la hausse des denrées, des vêtemens, du chauffage et de l’éclairage est beaucoup moindre que celle des métaux et des matières premières, on estime que le prix de la vie pour les classes laborieuses a augmenté de 40 pour 100 seulement, sans compter la surcharge des taxes nouvelles ; n’oublions pas que ce prix de la vie a monté de 122 pour 100 à Vienne et de 119 pour 100 à Berlin.

La Grande-Bretagne tire sa subsistance du dehors ; elle mange plus de viande que la France et possède, comparativement à sa population, moitié moins de vaches et de bœufs et trois fois moins de porcs que nous. Son gouvernement réquisitionna, dès le début des hostilités, tout le tonnage des frigorifiques faisant le service avec l’Australie et le Sud-Amérique et étendit plus tard sa mainmise à cet égard sur tous les navires battant pavillon anglais. En même temps il passa contrat avec les compagnies pour un certain poids de viande à livrer chaque