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guerre, pour trois millions de perches de mines de la Russie et nous envoyions en Angleterre celles du déparlement des Landes* La production de la force, avec le bois, que beaucoup d’usines emploient maintenant faute de charbon, coûte 50 pour 400 de plus. C’est le cas de l’industrie papetière russe, déjà privée d’une moitié de ses matières premières par l’arrêt ou l’occupation allemande des usines de Waldhoff, à Pernoff, et de Waclawsk, qui produisaient ensemble 130 000 tonnes de cellulose. On s’est tourné vers la Finlande, la Suède et la Norvège, mais la pâte à papier est montée de 27 à 41 francs les 100 kilos.

Quelques articles de luxe, privés de leurs débouchés ordinaires, ont vu leurs prix s’avilir : témoin les fourrures, que Londres achetait pour les revendre aux enchères, Leipsick et Paris pour teindre et fabriquer ; les peaux d’agneaux, entre autres, baissèrent un moment de 65 pour 100. Mais il suffit que le gouvernement levât la défense d’exportation pour qu’aussitôt les marchands suédois vinssent les enlever à destination de l’Angleterre et de l’Amérique.

Sauf ces cas exceptionnels, tout a plus ou moins augmenté pour des causes diverses : tantôt cherté de la force motrice, tantôt pénurie des transports, — pour les produits de Sibérie surtout, — ou faute d’importation : les drogues étrangères représentaient 70 pour 100 des ventes ; le commerce en a cessé jusqu’à ce que le pays développe sa propre production ; en fait de textiles, 16 000 tonnes de mérinos et de laine mêlée, qui constituaient la moitié de la quantité mise en œuvre en Russie, ont manqué et la disette de laine a, par contre-coup, fait enchérir les étoffes de coton.

Les besoins militaires avaient absorbé tous les cuirs, et il fallut une surabondance passagère au front pour que les magasins de Moscou, précédemment vides, pussent renouveler leurs stocks. Les salaires aussi s’étant améliorés, surtout ceux des ouvriers de métier, que ne sauraient remplacer ni les 800 000 réfugiés des provinces envahies ni le million de prisonniers de guerre employés pour la plupart à l’agriculture, ces consommateurs, dont le pouvoir d’achat s’est accru, contribuent par leurs dépenses à multiplier la cherté.