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l’agrément des manières… Ils sont francs, généreux, obligeans pour tout le monde et pleins de civilité pour les étrangers ; ils savent louer et louent beaucoup les belles actions ; ils n’ont pas de rancune et leur colère passe vite ; ils n’insultent personne, ni de paroles ni de fait, à moins que leur honneur ne l’exige ; ils sont fort gais et amusans dans leurs récits[1]… »

Il ne tient qu’à nous de justifier cette bonne opinion, à la condition d’envoyer partout des missions dignes de nos amis et de nous-mêmes. L’Institut de France, fondé par une nation assez soucieuse de l’avancement spirituel des hommes et du progrès moral de l’esprit humain pour assigner aux lettres, aux arts, aux sciences une place éminente dans la hiérarchie des valeurs sociales et un rang officiel dans l’État, se conforme aux intentions de ses fondateurs en faisant aimer, respecter la France dans tous les pays civilisés où s’étend son action. En Angleterre, un Bryce, un Balfour, un Crookes, un Lorimer, un Lindsay appartiennent à ce corps illustre. En Russie, le grand-duc Nicolas, Ouspensky, Susor, Yermoloff ; en Belgique, Franz Cumont, Carton de Wiart, Descamps, Pirenne ; en Italie, Luzzati, Lanciani, Volterra, Pio Rajna, Comparetti, Boïto propagent sa doctrine, répandent son influence, font goûter le charme du génie latin où fraternisent les âmes italiennes et les âmes françaises. En Serbie, Vesnitch, en Roumanie Xénopol s’inspirent de sa pensée, pour proclamer, même en présence de l’envahisseur, la souveraineté du droit et le prochain retour de la justice.


Bientôt, quand nos alliés, après la victoire noblement méritée, viendront à Paris pour partager notre joie austère, après avoir communié avec nous dans le péril et dans l’honneur, ils verront sans doute se dresser en pleine lumière, devant l’Institut de France, le monument que l’on rêve de dédier, en cet endroit, aux morts héroïques dont la langue française redira d’âge en âge l’incomparable prouesse et maintiendra éternellement le souvenir.

Lorsque l’Institut de France, gardien de nos plus belles traditions nationales, célébra, en 1895, le centenaire de sa

  1. Voyez Etienne Lamy, Choses d’Espagne, dans la Revue des Deux Mondes des 15 juillet et 1er août 1916. — Cf. la Fraternité espagnole, par Edmond Perrier, dans la Revue hebdomadaire du 5 août 1916.