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personne du Roi sur l’autel de la patrie, perfidement menacée par ses pires ennemis.

Les troupes de la défense active, — c’est l’appellation qui leur fut donnée par les royalistes, — étaient, d’autre part, commandées par le général Papoulas. L’activité de ce dernier avait été des plus malfaisantes pendant toute l’année 1916. Avant d’être rappelé à Athènes et mis à la tête de la 2e division, il exerçait le commandement d’une division en Epire. Il s’y était distingué par sa fureur antivénizéliste, qui l’avait poussé à organiser des bandes destinées à terroriser la population et à empêcher coûte que coûte leur adhésion, ainsi que l’adhésion des officiers et des troupes, au mouvement national de Salonique. Quand il fut rappelé à Athènes, il se plaça à la tête d’une Ligue d’officiers unis dans la résolution de lutter avec la dernière vigueur pour défendre le souverain, dont, l’Allemagne les en avait convaincus, la vie et la couronne étaient mises en danger par l’Entente, d’accord avec M. Venizelos. Quant au commandant des fusiliers marins grecs, c’était le capitaine de vaisseau Typaldos. Il comptait jadis parmi les rares officiers antiroyalistes de la marine hellénique. Ce fut toujours un exalté, qui, lors du pronunciamiento militaire de 1909, faillit provoquer un véritable conflit armé à l’intérieur même de la marine grecque. Son royalisme actuel, contrastant si singulièrement avec ses sentimens d’il y a de cela sept ou huit ans, suffit pour faire apprécier son caractère.

Il était dix heures du matin, lorsque, le 1er décembre, les colonnes des détachemens alliés en route vers Athènes se heurtèrent aux troupes du Roi. En même temps, l’amiral du Fournet, comptant sur l’issue pacifique de l’affaire, arrivait en personne au Zappion.

Il est incontestable que ce fut par surprise que l’armée royale attaqua en ce moment les contingens alliés. Ceux-ci avançaient sans aucun soupçon de ce qui les attendait. Les premiers coups de feu furent tirés, contre la colonne qui venait par la route du Pirée, par les troupes grecques postées près de la caserne de Rouf. Cette colonne était uniquement composée de Français, et ceux-ci marchaient en rangs tellement serrés que leurs pertes furent lourdes dès le premier contact. Le premier instant de surprise passé, les assaillis se déployèrent en tirailleurs et se dissimulèrent derrière les