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ils tirèrent du reste à peine 30 à 40 coups dirigés pour la plupart sur les hauteurs d’Ardittos et de Philopappos. M. Guillemin donne à ce sujet les détails complémentaires suivants : « Comme nous entrions dans l’enceinte du palais, des obus arrivaient dans le jardin du palais, lequel est assez voisin de la colline du stadium (l’Ardittos). La plupart de ces obus arrivant dans une terre molle, n’ont pas fait explosion, et il semble que des obus de rupture aient été à dessein employés au lieu de shrapnells, de façon à épargner la population et à rappeler aux Grecs qui tiraient sur nos troupes la présence de la flotte. »

La conversation qu’eurent les ministres alliés avec le roi Constantin au moment où ce bombardement purement démonstratif était effectué, est trop intéressante pour que nous n’en empruntions pas le récit à l’interview, maintes fois déjà citée, du ministre de France :

« Nous trouvâmes le Roi tout à fait calme, raconte M. Guillemin. Il nous par la tantôt en français, tantôt en anglais. Nous lui rappelâmes qu’à midi déjà, il s’était déclaré prêt à livrer six batteries sur les dix que réclamait l’amiral. Nous lui demandâmes pourquoi l’amiral n’avait pas été informé officiellement de cela et pourquoi les Grecs avaient délibérément ouvert le feu sur le Zappion, alors que l’amiral et les soldats français se trouvaient à l’intérieur de l’édifice.

« — Mais, dit le Roi, il faut vous souvenir que je ne suis pas l’Empereur de Chine mais un monarque constitutionnel, et qu’il me faut communiquer avec mon gouvernement.

« A quoi nous répondîmes :

« — Sire, combien de fois ne nous avez-vous pas dit à nous-mêmes et à tout le monde que vous « commandiez » la partie et que toutes vos décisions seraient exécutées ?

« — Oh ! repartit le Roi, c’était en d’autres temps. Il n’en est plus ainsi pour le moment.

« Pendant notre entretien, un gros obus fit explosion près de la fenêtre, au dehors, et notre conférence se trouva tout à coup presque arrêtée. A la fin cependant le Roi nous promit de nous faire donner, le soir même, une réponse définitive par le premier ministre, touchant les six batteries, et de donner aux troupes grecques l’ordre de cesser le feu tout de suite, si l’amiral voulait bien en faire autant. »

Il faut cependant ajouter que le Roi n’exécuta pas plus ce