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d’admettre que ses amis d’Athènes aient voulu renverser le régime en vigueur, le lendemain du jour où les contingens alliés, sur l’aide desquels on pouvait craindre qu’ils ne voulussent s’appuyer pour faire triompher leur projet hypothétique, étaient chassés d’Athènes sans espoir d’un prompt retour. L’accusation formulée contre les vénizélistes eût pu, à la rigueur, paraître vraisemblable et de nature à justifier des mesures prises contre eux si elle avait entraîné, le 1er décembre, l’exécution simultanée de l’opération militaire contre les Alliés et de l’opération politique contre leurs prétendus complices. Or, non seulement ces deux opérations n’eurent pas lieu simultanément, mais encore la seconde ne fut commencée qu’après que la première eut été complètement terminée. Quel danger ceux contre lesquels cette seconde opération était dirigée pouvaient-ils présenter au gouvernement, au moment où leur persécution commença ? Même s’ils nourrissaient la moindre intention hostile contre le régime et contre le gouvernement, comment croire sérieusement qu’ils fussent en état de la mettre à exécution, alors que pas un seul marin ou soldat allié ne pouvait leur donner la main et que le gouvernement grec avait à sa disposition de 20 à 25 000 baïonnettes, toute une armée exaltée déjà par son « succès » de la veille ?

Quant à l’accusation qui fut formulée contre l’Entente, elle ne peut, elle non plus, être envisagée autrement que comme une évidente calomnie. Comme l’a expliqué M. Guillemin dans son interview, « nous n’avions jamais eu l’idée d’amener M. Venizelos à Athènes, car nous avions besoin de ses troupes contre les Bulgares et non contre les Grecs. Une guerre civile sur les derrières de l’armée du général Sarrail eût constitué un grand danger pour les Alliés. »

Aucune circonstance atténuante ne peut, par conséquent, être invoquée par ceux qui commirent à Athènes et dans toute la Vieille-Grèce les crimes que l’on sait. Au contraire les circonstances aggravantes dans lesquelles furent perpétrés la plupart de ces forfaits, — dont l’opinion européenne n’est pas