Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 38.djvu/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du mandat du peuple athénien, sans parler aussi de l’arrestation du général Korakas, de l’ancien ministre Ractivan et de plusieurs autres personnalités politiques, membres, pour la plupart, du parti libéral, — on peut relever l’arrestation de neuf hauts fonctionnaires : MM. Cofinas et Volonakis, secrétaires généraux aux ministères des Finances et de l’Instruction publique, Locais, chef de section au ministère de l’Intérieur, Mazarakis, directeur au ministère de l’Intérieur, Zymbrakakis, préfet de police, Papaéconomou et Maroudas, chefs de section à la préfecture de police, Proccas, vice-président de la Cour des comptes, et Homatianos, chef de section au ministère de l’Intérieur.

Le monde universitaire ne fut pas plus épargné. Six professeurs à l’Université, jouissant chacun dans sa branche d’une réputation universelle, furent arrêtés. Ce furent MM. Bensis, de la Faculté de médecine, Petmezas et Angelopoulos de l’Ecole de droit, Menardos, Sotiriadis et Politis de la Faculté des lettres. Le corps professoral fut également atteint dans la personne de MM. Glynos, directeur de l’Ecole normale supérieure, et Condylis, professeur au lycée Arsakion.

Enfin tous les directeurs de journaux vénizélistes qui se trouvaient à Athènes et aussi tous les rédacteurs principaux de ces journaux furent arrêtés parmi les premiers. Nous pouvons notamment citer les noms de MM. Kyrou, directeur de l’Hestia, Stamatiou, directeur de la Nea Hellas et Boulahanis, directeur de l’Astir. Le simple fait de porter le même nom qu’un vénizéliste connu et recherché entraînait souvent l’arrestation d’un citoyen. On peut citer le cas de M. Vendiris, frère du directeur de la Patris, lui-même commerçant de Calamata, arrêté à la place de son frère qui avait réussi à s’enfuir à Keratsini. De nombreux vieillards et enfans furent également mis en état d’arrestation.

Ces arrestations en masse fournissaient aux royalistes une occasion unique de se venger et d’assouvir des haines ou des rancunes personnelles, souvent aussi de se débarrasser de leurs débiteurs en les dénonçant et en les livrant à la fureur de la soldatesque. Les calomnies les plus absurdes produisaient l’effet voulu, et les personnes calomniées étaient tout de suite incriminées de meurtre, de tentative de meurtre ou de haute trahison. Comme le rapporta M. Répoulis dans sa conférence déjà citée, « les membres du parquet et les juges d’instruction