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d) Délits de droit international. — A la longue liste des délits commis par les agens de l’Etat d’Athènes, on doit enfin ajouter ceux qui furent commis contre des sujets étrangers et aussi les violations d’asile accomplies en dépit des lois internationales. C’est ainsi que les annexes des légations britannique et française à Athènes furent investies et envahies par l’armée régulière. Dans l’annexe de la légation de la République, un officier et cinquante soldats français furent capturés. Quant à l’Ecole d’Athènes, voici le récit de l’assaut qui lui fut livré, récit fait par le directeur lui-même de l’école, M. Fougères :

« En ce qui nous concerne, nous eûmes dès le début de la journée de décembre (1er décembre) à subir l’assaut de la police grecque qui se présenta aux portes de l’Ecole, aux fins de perquisitions. Je m’opposai à son entrée en demandant qu’on me montrât un ordre de M. Lambros et en invoquant le principe de notre exterritorialité. Cet ordre, je dois le reconnaître, n’existait pas, et la police qui, proprio motu, venait de tenter ce coup de main, finit par se retirer. Mais bientôt le jeu changea et les actes succédèrent aux paroles. Les balles commencèrent à pleuvoir sur la façade de l’Ecole, en même temps qu’un feu nourri était dirigé sur le pavillon des attachés navals et militaires, qui se trouve à très peu de distance de notre bâtiment.

v A cinq heures, la situation était devenue des plus critiques. De l’éminence ou se trouve située l’Ecole, nous apercevions deux canons braqués sur nous, et le capitaine qui avait assumé de ce côté la protection de nos nationaux envisageait déjà pour la nuit la descente dans les caves, quand à six heures[1]un armistice fut conclu. Avant de quitter Athènes, j’ai placé l’École sous la protection du pavillon américain[2]. »

Mais en dehors de ces scènes inqualifiables, il faut relever que de nombreuses arrestations de sujets étrangers eurent lieu. Les étrangers arrêtés étaient des Français, des Anglais, des Italiens et des Serbes. D’après le témoignage du commandant Bryet de la marine royale britannique, qui fut chargé de rapatrier les réfugiés anglais durant une bonne partie de leur voyage, — 75 p. 100 d’entre eux étaient des femmes et des enfans, — « une dame anglaise était partie en voyage laissant chez elle (à

  1. M. Fougères commet ici une légère erreur : ce ne fut que vers huit heures du soir que l’armistice intervint.
  2. Voyez le Matin du 16 décembre 1916.