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temps elle allongea sa gauche vers le Nord pour rester en liaison avec Mackensen, qui progressait dans cette direction.

L’épaule des armées austro-allemandes était donc sur le Bug, Mackensen étant face au Nord et Bœhm-Ermolli face à l’Est. Mais on n’a pas de sécurité sur un fleuve qui vous couvre, si on n’occupe pas le rivage opposé. Bœhm-Ermolli essaya donc de passer à l’Est du Bug, le 15 juillet, dans la région de Sokal. Après une lutte acharnée, il passa le 18 ; malgré des combats extrêmement violens, les Russes ne réussirent pas à reprendre la ville, que d’ailleurs les Autrichiens ne dépassèrent pas.

Pendant que les armées de droite se constituaient ainsi en verrou, face à l’Est, pour fermer la porte à tout retour offensif qui serait venu de la Russie du Sud, l’armée Mackensen et celle de l’archiduc continuaient à remonter vers le Nord, formant la branche droite de la tenaille qui devait enfermer l’armée russe autour de Varsovie. Cette ville était prise le 6 août, mais l’armée russe échappait ; il fallait, par une nouvelle conversion, se remettre face à l’Est et aller la poursuivre dans l’intérieur du pays. Mackensen reprit donc sa marche en direction de l’Orient, vers Brest-Litowsk ; mais entre Mackensen à Brest et Bœhm-Ermolli à Sokal, il existait un trou de plus de 150 kilomètres ; on le boucha par une nouvelle armée, composée principalement de forces de cavalerie sous les ordres du général Puhallo von Brlog, et qui, avec la IIe armée (Bœhm-Ermolli), avec l’armée allemande du Sud, maintenant commandée par le comte Bothmer, et enfin avec l’armée Pflanzer, fut réunie en un groupe aux ordres du général Linsingen. Ce général commanda à cette époque du Pripet à la frontière roumaine.

La cavalerie de Puhallo, formant l’extrême gauche du nouveau dispositif, s’empare de Wladimir-Volynsk, puis pousse sur Kovel. Son objectif est de continuer au Nord-Est et de venir derrière Brest couper la retraite aux Russes que Mackensen accroche de front et que l’archiduc menace sur leur droite.

Mais ce mouvement échoue. Les Russes, une fois de plus, se dégagent et ont le temps de battre en retraite (26 août). Il se passe alors quelque chose de très curieux. Visiblement l’état-major allemand est désorienté. Il semble bien que, désespérant d’envelopper les armées russes du centre, il soit revenu au projet, déjà préconisé par Bernhardi, d’une double expédition, l’une vers le Nord, l’autre vers le Sud de la Russie, pour