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aller saisir les voies d’accès à la mer et étouffer le colosse aux poumons trop étroits. En ce qui concerne le Sud de la Russie, l’opération, fut au moins amorcée. On vit l’armée Puhallo, après avoir marché de Wladimir-Volynsk sur Kovel en direction du Nord-Est, faire tout à coup colonne à droite, face au Sud-Est, et se porter sur Lutzk. En même temps, l’armée Bœhm-Ermolli et l’armée Bothmer, celle-ci immobile depuis deux mois sur la Zlota Lipa, se portaient en avant. Le plan était évident. Renonçant à poursuivre le centre russe, les Austro-Allemands manœuvraient contre l’aile gauche. Bothmer et Bœhm-Ermolli l’attaquaient de front, face à l’Est ; Puliallo essayait de l’envelopper sur son extrémité Nord, où elle était appuyée au triangle fortifié des places de Volhynie, Lutzk, Dubno et Rovno.

Bothmer fut d’abord battu sur la Zlota Lipa ; mais Puhallo réussit à emporter Lutzk, où le 59e régiment autrichien pénétra le 31 août ; les Russes se retirèrent à mi-chemin entre Lutzk et Rovno, à Olyka. De son côté, l’armée Bœhm était entrée, le 1er septembre, à Brody. Ainsi refoulés à leur droite, les Russes durent replier toute leur ligne. Ils abandonnèrent à l’armée Bothmer la ligne de la Strypa, et se fixèrent plus à l’Est, sur le Sereth.

Ainsi fut constitué le front depuis les marais du Pripiat jusqu’à la Roumanie. Au Nord, Mackensen a avancé en pointe jusqu’au-delà de Pinsk ; puis, en suivant vers le Sud, Puhallo s’établit d’une manière assez incertaine dans les vastes forêts entre le Styr et le Stochod ; il traverse le coude du Styr en aval de Kolki, et vient couper le triangle de Volhynie, qui reste mi-partie aux Austro-Allemands, mi-partie aux Russes ; au Sud de Puhallo, Bœhm-Ermolli s’établit sur les crêtes de partage entre la Galicie et la Volhynie ; Bothmer s’établit entre le Strypa et le Sereth ; enfin, Pflanzer va du Dniester à la frontière roumaine, en couvrant Czernowitz.

Dans le cours de l’automne et de l’hiver, diverses tentatives d’offensive russe, dont la plus considérable, à la Noël de 1915, a affecté presque toute l’étendue du front, n’ont pas réussi à l’ébranler sensiblement. En mars 1916, au moment de l’offensive allemande sur Verdun, nos alliés exécutèrent une diversion, dont le centre fut au Nord, entre la Dvina et le Niémen, mais qui eut son écho sur la Strypa. Du côté allemand, le