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ligne formée par un des affluens de tête du Sereth, la Grabeska. Des combats acharnés commencèrent le 4 août, l’ennemi opposant une résistance furieuse. Enfin le 5, les Russes passant sur la rive droite, depuis Peniaki au Nord jusqu’à Zalojtse au Sud, sur un front de 16 verstes, enlevèrent une série de villages, Zvigen. Gnidava, Ratichtche, Tchistopady, Zalojtse. Le 6, le succès fut encore étendu à la droite de Zvigen, à la gauche vers Reniouv. Dans ces trois jours (4-6 août), les Russes avaient pris 166 officiers et 8 415 soldats. Puis la situation se stabilisa sur ce front.

Mais à peine l’offensive de Sakharoff était-elle arrêtée, que Letchitzky, au Sud du Dniester, attaquait à son tour, le 7 août, sur un front de 25 verstes, depuis le Dniester à droite jusqu’au chemin de fer Kolomea-Stanislau, en direction générale de Tysmenitsa, contre Kœvess. La ligne ennemie fut totalement rompue. Par leur droite, les Russes occupèrent Tlumacz ; puis se portant en avant par tout le front, ils arrivèrent à la ligne Nijniov-Bratychov-Nalakhitche-Nadorozna-Krjwotaly-Ottynia. Leur centre était donc sur la Vorona. Poussant en avant, ils atteignirent le 8 à 6 heures du soir, sur la même rivière, la ville, de Tysmenitsa. Talonnant l’ennemi en déroute, ils arrivaient le 9 à 8 verstes dans l’Ouest de Tysmenitsa, à l’importante bifurcation du Khriplin, coupant ainsi toutes les voies ferrées au Sud de Stanislau, et bordant la rive droite de la Bystritsa. Enfin le 10, à 7 h. 45 du soir, l’armée Letchitzky rentrait dans Stanislau. L’ennemi se repliait sous le feu au Nord vers Halicz, à l’Ouest au-delà de la Bystritsa. A l’extrême gauche des Russes, la ville de Nadvorna, complètement débordée, était occupée le 12 août.

Mais en même temps, les autres armées russes passaient à leur tour à l’offensive. Tandis qu’au Sud du Dniester, l’armée Kœvess reculait devant Letchitzky, elle découvrait par le fait même le flanc droit de l’armée Bothmer, qui la prolongeait au Nord du Dniester. Le danger auquel le recul d’une des deux armées exposait l’autre n’avait pas échappé aux critiques allemandes. « C’est une circonstance précieuse dans le combat héroïque que l’armée Bothmer livre pour gagner du temps, écrivait le 6 août le collaborateur militaire de la Gazette de Francfort, que le front austro-hongrois au Sud du Dniester sur la ligne général Est de Tlumacz-Est d’Ottyriia-Molodylow résiste aux tentatives de rupture russes. » Le lendemain cette rupture