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dans la rue et à l’église. Un jour qu’elle avait le cœur affligé, saint Dominique la raccompagna de l’église chez elle en la consolant et en la réconfortant : « J’en fus si heureuse, » confia plus tard Catherine à son confesseur, « que j’aurais volontiers consenti à mourir sur-le-champ pour partager aussitôt avec lui la félicité éternelle. »

Une autre fois, absorbée par une longue prière et méditant le mystère de l’humanité sainte de Jésus, dans l’église San Domenico, son âme fut inondée de lumière et elle comprit clairement que Jésus était plus qu’un homme et que son être contenait la plénitude de l’amour, de la bonté, de la clémence, de la douceur et de la félicité ; et elle se désolait de ne pas trouver de mots pour rapporter ce qu’elle avait vu ainsi et de ce qu’il lui était impossible de dépeindre la beauté et la majesté de la Face de Dieu et d’être obligée de se contenter de ces misérables expressions : « Il est le Bien, il est le vrai et suprême Bien. »

Catherine aimait Jésus avec toute la passion dont une femme est capable, jusqu’au don total d’elle-même. Un homme peut aimer Jésus comme un frère aîné, comme un ami très cher, comme un père bien-aimé auquel on ne désobéirait pour rien au monde, mais une femme aime Jésus comme son époux, comme celui auquel sa vie est consacrée : « Me voici, prends-moi, je suis tienne, fais de moi ce qu’il te plaira ! »

Catherine n’ignorait pas ce qu’est l’amour terrestre et en parle avec la plus grande simplicité et la plus grande pureté : « L’homme ne peut pas vivre sans amour, dit-elle dans une de ses lettres, car l’homme a été créé pour aimer. C’est l’amour du père et de la mère qui donne l’être et la vie à un enfant. » Mais pour Catherine, comme pour saint Paul, cet amour conjugal n’est que le symbole d’un amour supérieur, du « grand sacrement, » de l’alliance du Christ et de l’Eglise, de Jésus et de l’âme. Et, de même que dans le mariage idéal, le degré de cette union dépend de l’harmonie des cœurs et de l’unité de volonté qui finalement transforme celui qui aime à la ressemblance de l’être aimé, qui communique de plus en plus l’esprit de Jésus à l’Eglise et rend les chrétiens de plus en plus semblables à Lui.

Cet amour, lui aussi, a ses prémices et sa consommation ; ses baisers, ses étreintes, ses fiançailles et ses noces ! C’est en