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matériaux, parce que le Syndicat des métallurgistes germains consentait des rabais à la Hollande, où, les salaires aussi étant plus bas, les chantiers établissaient les mêmes types à moindre prix.

Ce principe de la porte ouverte auquel les Pays-Bas sont attachés et qu’ils se flattent de maintenir après la paix, — leur ministre des Finances, M. Treub, l’a nettement déclaré à la seconde Chambre, — fera naturellement de leur territoire le dépôt d’élection des produits allemands, pressés de se répandre sur le globe. La Hollande sera ainsi favorisée d’une grosse clientèle de transports, mais entraînée commercialement dans la sphère d’influence germanique ; il se peut que son industrie en éprouve quelque gêne, si l’Entente économique, conclue entre les Alliés, n’est pas un vain mot.

La Belgique, au contraire, cherchera dans son industrie la base de sa prospérité future ; elle a de la houille à revendre et pourra même alimenter de coke les hauts fourneaux des nations voisines, s’il est exact que l’on ait découvert, quelques mois avant la guerre, dans le Sud de la Campine, à une faible profondeur, la suite des riches veines de la Westphalie. Chacun sait que le charbon de notre bassin lorrain est impropre à la transformation en coke et que, pour la fabrication du fer, nous étions tributaires du coke allemand, dont il a été introduit chez nous, en 1913, pour 160 millions de francs. La Belgique industrielle, victime de l’hypertrophie du transit, était inondée des marchandises de l’Allemagne, qui dominait même à Anvers où, par sa marine de commerce, elle contrôlait toute l’exportation.


II

D’Allemagne aussi dépendaient les royaumes Scandinaves, pour nombre d’objets fabriqués et de denrées agricoles : les usines germaniques ont fixé à leur gré le cours des articles dont elles avaient le monopole ; elles ont fait savoir l’hiver dernier à leurs correspondans danois que tous les produits colorans seraient majorés de 100 pour 100 et que le paiement devrait se faire en couronnes danoises. Pour les denrées, au contraire, les Allemands ont subi les lois des Scandinaves ; la Suède a été sollicitée de leur vendre celles que précédemment