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Mais ce n’est pas seulement avec des sous-marins que l’on peut, dans la guerre de côtes, semer des mines sans trop s’exposer à la destruction. Les appareils aériens y réussiraient parfaitement dans certaines conditions et aussi ces admirables « libellules » que je me borne à mentionner ici, sans oser même leur donner leur nom, trop significatif, paraît-il, qui prouvent, quand on les voit courir sur l’eau avec une vitesse vertigineuse, que le génie inventif n’a pas cessé d’être un des plus beaux dons de notre race.

Et les torpilles automobiles ? demandera-t-on. Peuvent-elles être utilisées dans la guerre des côtes aussi facilement par l’assaillant que par le défenseur ? Pourquoi pas ? Ne parlons pas seulement des bâtimens de surface, — les unités légères en première ligne, — qui auront à s’en servir dans toutes les rencontres partielles auxquelles donnera lieu l’adoption d’un système de guerre qui touche de très près à la guerre de siège, à terre. Mais ce sont les sous-marins surtout qui feraient merveille avec leurs torpilles, n’étaient les filets métalliques qui ferment presque hermétiquement les passes des grands ports. On arrivera certainement à vaincre ces difficultés, puisque il y a déjà longtemps, notre Curie faillit y réussir. Et sans doute n’y a-t-il pas que des filets pour attendre sous l’eau le téméraire submersible. Il faut compter encore avec certaines mines. Nul doute que nos avisés ennemis n’aient multiplié les obstacles en profondeur. Il serait bien surprenant toutefois que la nature de ces obstacles ne fût pas connue des Etats-majors alliés après trente mois de guerre. Or, tout engin connu peut se voir opposer l’engin qui le détruira ou le paralysera.

En tout cas, là encore, l’appareil aérien peut prendre la place de l’appareil sous-marin, et ce n’est pas un des faits les moins curieux de cette dernière phase de la grande guerre que cette sorte d’interchangeabilité qui se révèle en certains cas pour les deux nouvelles armes, celle qui exploite la profondeur des eaux et celle qui, de haute lutte, vient de s’emparer de l’atmosphère. Rien n’empêche, en effet, du moins en théorie, un hydravion de lancer une torpille automobile. En pratique, pas beaucoup plus de difficultés, sans doute. Reste que l’appareil aérien est largement justiciable de l’artillerie. Aussi toute tactique admettant l’emploi de ce qu’on appelle, à terre, la cinquième arme, doit-elle admettre en même temps, comme base