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LA LEÇON
D’UN
GRAND CLASSIQUE FRANÇAIS

CAMILLE SAINT-SAËNS

« Un enfant très délicat, dont l’existence était précaire. Les médecins n’en répondaient pas. » L’illustre auteur de Samson et Dalila et de la Symphonie en ut mineur assure, qu’il fut cet enfant-là, quand il avait deux mois. Il y a de cela quatre-vingt-un ans accomplis. Si les médecins ne répondaient pas alors de M. Camille Saint-Saëns, il s’est chargé, depuis, de répondre aux médecins. Après avoir été, de très bonne heure, un enfant prodige, il leur devait bien d’être plus tard, de corps et d’esprit, un vieillard à peine moins extraordinaire. Il a déjà commencé., Souhaitons, en guise d’exorde, ou d’heureux augure, qu’il continue, encore longtemps.

Classique et français. Voilà l’éminent et double caractère du grand artiste que les circonstances présentes nous font plus que jamais un devoir, un devoir national, d’honorer.

« Du plus loin qu’il me souvienne, » nous écrivait un jour M. Saint-Saëns, « mon but, mon plus cher espoir, a toujours été d’ajouter une pierre à l’édifice de l’art français. » Chacun sait comment il a touché son but et rempli son espérance. En son œuvre, de soixante années, rien n’est étranger, encore moins contraire au génie de notre pays et de notre race. M.