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cependant, concluait-il, le voici : J’écrirai à sir Hudson de faire savoir à Buonaparte que s’il exprime le désir de voir venir une personne d’Europe pour remplacer un de ces messieurs (car en effet ils sont tous les deux prêts à s’envoler, mais ils se surveillent réciproquement), le cardinal Fesch et la princesse Borghèse seront chargés de cette affaire. »

Lord Holland atténua, dans sa lettre du 13 mars, les termes au moins rudes dont s’était servi lord Bathurst ; il recommanda une grande prudence et surtout qu’on ne recourût pas à une intervention parlementaire. Le 16 mars, conformément à la promesse qu’il avait faite, lord Bathurst écrivit à Lowe que, par le départ du comte Montholon et du comte Bertrand, la société du général Buonaparte à Longwood devant se trouver essentiellement réduite, le Roi était dans la disposition « d’accéder au désir qu’exprimerait le général en faveur de toute autre personne dont l’arrivée pourrait lui être agréable. Si le général Bonaparte, ajoutait-il, préférait laisser ce choix au cardinal Fesch ou à la princesse Borghèse, je suis tout prêt à lui faire cette communication. »

La reine Hortense, à laquelle sans doute Mme de Montholon s’était adressée par l’intermédiaire de Las Cases pour savoir si elle connaîtrait quelqu’un qui voulût aller à Sainte-Hélène, écrit à Las Cases le 12 mai qu’elle ne connaît personne : « Le général Drouot, dit-elle, est un des hommes que l’Empereur estimait le plus. Il vit, dit-on, à Nancy, retiré du monde et peut-être, s’il connaissait l’isolement où va se trouver l’Empereur, serait-il heureux de partager son infortune. Mais, dans de semblables circonstances, c’est à celui qui veut bien se dévouer à se proposer. Qui oserait l’engager à quitter son pays pour toujours ? » Peut-être, mais d’autre part qui oserait s’offrir pour être le compagnon de l’Empereur ?

Pour Planat, personnage de second plan, la Reine se rend plus facile : « M. de Planat, dit-elle, qui avait désiré l’accompagner une fois, voudrait-il y retourner ? Dans ces tristes circonstances, c’est un dévouement héroïque qu’il faut rencontrer, car l’intérêt n’a plus rien à faire là ! » La Reine connaissait l’humanité. Mais Planat faisait exception, et l’on peut être convaincu que, si l’on avait abordé Drouot, il eût accepté.

Mme de Montholon n’avait point encore osé, à la date du 15 août, s’occuper elle-même de chercher un remplaçant pour