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O Toi qui demeures là-haut dans ton ciel, par-dessus les Chérubins, les Séraphins, et les Zeppelins, envoie le tonnerre et l’éclair, la grêle et la tempête sur notre ennemi, et précipite-le au plus profond des trous creusés par nos obus ! Aide-nous à punir avec ta sainte haine tous ceux qui s’efforcent insolemment de s’approprier ta couronne !


Mais le dogme religieux du « Dieu Allemand, » déjà pressenti et annoncé, depuis un demi-siècle, par une foule de continuateurs des deux « prophètes » susdits, n’a vraiment commencé à se formuler avec netteté, comme aussi à être investi parmi les pasteurs allemands d’une autorité « officielle, » que depuis le début de la guerre présente. Tout au plus peut-on s’émerveiller, depuis lors, d’une diffusion plus rapide encore que celle que nous signalait, tout à l’heure, le professeur Herrmann comme attestant la valeur surnaturelle de la religion mahométane : car voici ce qu’enregistrait, dès le 13 novembre 19U, dans le Lokalanzeiger de Berlin, le compte rendu d’une réunion de professeurs de théologie :


Cependant le résultat le plus profond et le plus admirable de la guerre aura été la découverte du « Dieu allemand ! » Non pas d’un Dieu national comme celui qu’adorent les races inférieures, mais bien d’un Dieu qui n’appartient qu’à nous, et qui n’a nulle honte de n’appartenir qu’à nous. Déjà Max Lenz a porté témoignage de cette révélation d’un « Dieu allemand, » — sans compter que Luther lui-même a jadis exprimé une idée analogue dans son hymne célèbre : C’est un solide rempart qu’est pour nous NOTRE DIEU !


Ce dogme nouveau du « Dieu Allemand » a rencontré, comme je l’ai dit, de nombreux apôtres parmi les théologiens qui défilent devant nous tout au long du recueil du professeur Bang. Mais au lieu d’importuner le lecteur français en lui citant, par exemple, des passages du pasteur Francke, et du doyen Tolzien, et du pasteur Herrnann, et du docteur « en théologie » Konrad, qui s’accordent à proclamer quasiment dans les même termes l’existence d’un Dieu « n’appartenant qu’aux seuls Allemands, » et collaborant avec ceux-ci « pour permettre à la nature allemande d’opérer, une fois de plus, la guérison du monde, » je préfère me borner simplement à étudier une série de sermons prêches et publiés, en 1915, par un pasteur du Holstein, M. Walter Lehmann, sous centre significatif : Du Dieu Allemand. Nulle part, à coup sûr, les principes du dogme nouveau n’ont été exposés plus librement, ni mieux définis dans toute leur ampleur. Le pasteur Lehmann va même jusqu’à rechercher les circonstances