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toujours D. Gumersindo de Azcarate. La bonne volonté du souverain, la sincérité de son cœur, et l’ouverture de son intelligence, ne sont pas plus contestables que ne le sont la haute valeur, la loyauté, les bonnes intentions du président du Conseil, M. Dato. Mais, de toutes parts, les problèmes se pressent.

L’un des plus obsédans est celui que, par la cynique impudence de ses sous-marins, l’Empire allemand pose à l’Espagne comme à tous les neutres. M. Dato essaie de le résoudre pour son compte, dans un décret où, tout en s’appuyant sur la Convention XIII de La Haye, de 1907, la complète en ce qu’elle avait de trop sommaire et la corrige en ce que l’expérience a montré qu’elle avait de défectueux. L’article premier « interdit à tous les sous-marins des puissances belligérantes, de quelque classe qu’ils soient (de guerre ou de commerce), la navigation dans les eaux territoriales et l’entrée dans les ports nationaux, pour quelque motif que ce soit, et sous peine d’être internés jusqu’à la fin de la guerre. » Quant à présent, l’Espagne n’a reçu la visite que de sous-marins allemands, et il eût donc été plus simple de nommer en toutes lettres l’Allemagne, comme il eût été plus carré de commencer pai garder l’U. C. 52. Si M. Dato ne l’a pas fait, c’est qu’il en a eu d’impérieuses raisons. Nous ne les lui demandons pas, parce que nous les soupçonnons, mais il a dû sentir que sa décision nous a été pénible. Elle l’a été certainement aussi à la fierté espagnole, quoique nos amis d’outre-monts, on doit l’avouer, n’aient pas vu, dans le renvoi du pirate réparé et ravitaillé, ce que nous y avons vu nous-mêmes. Tout est bien qui finit même médiocrement, si, une bonne fois, c’est bien fini.

Les Pays-Bas non plus, et les Pays scandinaves non plus, ne vivent point tranquilles, dans un repos que la neutralité ne protège pas. Comme l’acte, en d’autres temps le plus ordinaire, a dans celui-ci des répercussions immenses, il s’en est fallu de peu que l’exportation des pommes de terre hollandaises n’amenât des complications. Du moment que la Hollande exporte, l’Angleterre veut avoir sa part, et du moment que la Hollande exporte, les États-Unis réduisent et limitent, pour ce qui les concerne, ses importations. Afin de les contrôler mieux, la Grande-Bretagne ne laisse aux communications maritimes des Pays-Bas qu’un chenal, qu’un passage plus étroit, et étend dans la mer du Nord, jusqu’aux approches du rivage, la zone interdite. A la frontière de terre, l’Allemagne affamée gronde et découvre de longues dents, comme un loup maigre. Mais c’est douceur au prix de ce qu’elle fait en Norvège. Le hasard a permis de saisir, dans sa valise