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un an environ après l’ouverture de la première école, — l’administration des Postes refusa d’y envoyer ses sous-agens pour la distribution des correspondances.


Ce qui caractérisait surtout la plupart des écoles de fortune ouvertes dans les caves et sous-sols, c’était leur installation. Etablies dans des caves à Champagne, c’est-à-dire dans de vastes couloirs souterrains creusés dans la craie et dont les ramifications ont parfois plusieurs kilomètres de longueur, la sécurité y était presque absolue et elles satisfaisaient aux conditions indispensables de l’hygiène : cube d’air réglementaire, aération suffisante par des « essores » (trous percés de distance en distance dans la voûte et communiquant avec l’extérieur), température toujours égale et suffisamment élevée (14°). Partout, le mobilier et le matériel d’enseignement furent fournis par l’école publique la plus voisine ; de fortes lampes à pétrole (car, depuis deux ans, on manque à Reims d’électricité et même de gaz) accrochées aux voûtes par les soins des services municipaux, donnèrent l’éclairage nécessaire. Évidemment, ce n’était point parfait, mais c’était cependant suffisant pour que les enfans pussent travailler en sécurité. Si, en visitant ces asiles, en plein jour, on était d’abord frappé par la faible lumière qui y régnait, l’œil s’y habituait vite ; on avait tout bonnement l’impression d’assister à un « cours du soir » dans une école de village.

Veut-on quelques précisions ? Voici d’abord l’école « Joffre, » ouverte dans les caves de la maison allemande Mumm, aujourd’hui sous séquestre. Elle est protégée par trois plates-formes de ciment armé et par une épaisse voûte de béton et de terre. Du vaste couloir de 9 à 10 mètres de large sur 40 de long où elle est installée, elle n’occupe qu’une longueur de 20 mètres et est fermée par une double rangée de tonneaux placés verticalement les uns au-dessus des autres. Les trois classes sont, elles-mêmes, séparées par des cloisons de caisses à champagne superposées, et, pour éviter l’humidité et augmenter la lumière, les murs ont été tapissés de paillassons recouverts de papier clair. Tous ces détails ne laissent pas un instant oublier au visiteur qu’il est dans la ville du Champagne. Pour égayer ces catacombes, chaque maîtresse a décoré sa classe de son mieux, avec les faibles ressources qu’offre une ville à moitié