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mondiale, — car il n’y a plus de pays neutres en réalité, — le besoin sera plus impérieux que jamais de moyens de transport nombreux et puissans pour aider le retour de l’humanité à la vie normale, pour assurer la mise en commun de leurs ressources entre tous les défenseurs de la civilisation, pour alléger leur effort de reconstitution, pour permettre aux Alliés de soutenir victorieusement la guerre économique que nos ennemis s’apprêtent à faire succéder à la guerre des armes.

Fort heureusement, cela va beaucoup plus mal et cela continuera d’aller beaucoup plus mal chez eux que chez nous, mais on sait comment, dans leur illusion tenace de pouvoir nous arracher la victoire, ils se préparent à cette nécessité de vivre par les échanges, — en les canalisant à leur profit, — comment ils construisent des flottes marchandes nouvelles, projettent de nouvelles voies de transport entre Puissances Centrales et avec quelle colère enfin ils voient l’extrémité du fameux itinéraire Hambourg-Bagdad aux mains des troupes du général Maude.

Nous, nous aurons, si nos chers Alliés britanniques le veulent bien, un moyen d’une grande puissance, — et que l’on soupçonne trop peu, — non de guérir nos blessures après la paix, mais de les soulager, de refaire plus vite nos forces, de tenir tête à nos rivaux, de consolider le fruit de nos victoires, d’affermir notre union.

Ce moyen, c’est tout simplement le tunnel sous la Manche.

Le tunnel sous la Manche n’est pas seulement une route qui permettra aux voyageurs, — si peu nombreux, hélas ! — qui fréquentaient avant la guerre le chemin de Paris à Londres, d’échapper aux désagrémens du mal de mer, cependant déjà si pénible dans la Manche, où il n’y a pas moins de 220 jours environ de mauvaise traversée par an. C’est un passage qui est certainement appelé à prendre place dans le classement des grandes routes commerciales du monde immédiatement à côté du canal de Suez.

Une remarque indispensable tout d’abord ; : le chemin de fer sous la Manche, — qui sera électrique, — qui n’aura pas d’arrêts intermédiaires, — qui sera aménagé avec tous les perfectionnemens de l’art moderne des chemins de fer, — n’aura pratiquement pas de limite à sa capacité ; il pourra absorber à peu près tous les transports que l’on voudra. En réservant quatre heures pour l’entretien de la voie, il pourrait faire passer