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alternativement offensifs et défensifs, — lors de l’expédition d’Anvers, sur l’Yser, et plus tard pour l’organisation des expéditions d’Orient, ou pour hâter l’offensive de la Somme, entreprise par nos alliés, afin de détendre la pression de l’ennemi sur Verdun ou contre l’Italie, avant qu’ils eussent pu réunir leurs moyens complets d’action[1]. A la guerre, tout moyen d’aller vite est un moyen sauveur et, du temps de gagné, c’est la victoire, — pu tout au moins le moyen de la préparer.

N’envisageons du chemin de fer sous la Manche que sa fonction immédiate d’instrument de transport. Avec la capacité dont il eût disposé, il aurait facilement absorbé :

1° Tous les transports militaires (troupes, munitions, vivres et matériel de guerre) d’Angleterre vers le front occidental et vice versa ; 2° tous les transports militaires jusqu’à Marseille et Brindisi vers l’Orient et l’Afrique ; 3° tous les transports militaires ou de ravitaillement en provenance de l’Orient (Inde, Australie, Japon, via Marseille et Brindisi également) ; 4° tous les transports commerciaux considérables effectués d’Angleterre en France et réciproquement.

Rien que pour les transports de l’armée anglaise en France, on estime actuellement à plus de 20 millions le nombre de voyages effectués d’Angleterre en France et de France en Angleterre pour les passages britanniques à travers la Manche depuis le début des hostilités, car, outre les contingens militaires, il y a le va-et-vient constant des permissionnaires et celui des blessés retournés plusieurs fois au front, enfin les navettes permanentes de tous genres, dont le résultat est qu’un même homme effectue cinquante fois et plus la traversée du Channel pendant la même année.

Quant au transport des choses nécessaires à la guerre, on compte actuellement environ 8 millions de wagons ayant passé pour le compte de l’armée britannique sur le réseau du Nord depuis le début des hostilités et dont la plupart ont dû suivre la voie très longue Le Havre, Rouen, Amiens, au lieu de l’itinéraire beaucoup plus court qu’aurait offert le tunnel.

Que deviendrait le chiffre de 8 millions de wagons si l’on voulait y ajouter les énormes transports commerciaux effectués

  1. Rapport de sir Douglas Haig du 23 décembre 1916.