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L’AUTONOMIE DE L’ALSACE-LORRAINE.

pays et de le rattacher, nouvelle Pologne, en trois tronçons, à la Prusse, à la Bavière et au grand-duché de Bade, en est venue, pour éviter le châtiment de ses crimes, à proposer elle-même aux annexés ce qu’elle leur avait hargneusement refusé pendant quarante-quatre ans. Rien ne saurait mieux prouver que l’heure de la « justice immanente » a sonné.

E. Wetterlé.

On me permettra une dernière remarque. Mes anciens collègues alsaciens-lorrains du Reichstag (je ne parle évidemment pas des quatre députés allemands des provinces annexées) ont été invités, ces jours derniers, par M. Michaëlis, chancelier de l’empire, à un entretien confidentiel où devaient se débattre les destinées de notre petit pays. Si, au cours de cette entrevue, M. Michaëlis a proposé à ses interlocuteurs la solution autonomiste du problème, il a certainement obtenu leur adhésion à ce programme. Pris dans le filet de leurs déclarations antérieures, les députés alsaciens-lorrains ne pouvaient pas, sans s’exposer à des poursuites en haute trahison, proposer le retour de l’Alsace-Lorraine à la France. Si donc les Allemands devaient faire état de leur acceptation d’une autonomie plus ou moins large de nos deux provinces, je tiens à mettre tout de suite l’opinion publique dans les pays alliés en garde contre cette manœuvre. Les députés alsaciens-lorrains, du moins ceux qui n’ont pas trahi la confiance de leurs électeurs, comme le docteur Ricklin, se trouvent dans la situation d’hommes qui, ligotés d’entraves un peu lâches, ne peuvent faire que des mouvemens limités. Attendons qu’ils aient les mains complètement libres, et nous les verrons alors esquisser le geste attendu par l’écrasante majorité de leurs mandans.

E. W.