Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 41.djvu/429

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur permettre de reprendre l’offensive et, d’autre part, à donner des craintes sérieuses à l’Allemagne pour son littoral, ses grands ports, son canal maritime, constituerait un obstacle puissant, quoique indirect, à la mise en coupe réglée de ces vastes territoires.

C’est ce que j’exposais déjà, le 15 juillet, dans cette revue[1]et, pour s’appliquer aux nouveaux « greniers » que nos ennemis vont peut-être conquérir par la trahison, plus encore que par la force des armes, mon raisonnement n’a rien perdu de sa force. Plus que jamais, au contraire, il faut tendre toutes nos volontés vers la reprise des régions dont le poulpe allemand va sucer toute la substance. Pour cela une puissante diversion dans le bassin de la Baltique, une action combinée avec la flotte russe réorganisée et avec les armées de la Dwina serait certainement très utile. Les forces de l’Allemagne sont grandes encore, et elle nous le fait voir. Ces forces s’usent cependant. Déjà les opérations sur le front Ouest en absorbent une grande part. La constitution de nouvelles armées spécialement affectées à la défense d’une côte très étendue (1 800 kilomètres, en ne mesurant que la courbe tangente aux points saillans du littoral) dépasserait probablement les ressources de l’Empire en personnel apte aux opérations de guerre.

La mise en jeu des flottes alliées, — en attendant mieux, — sur le front Nord se trouve donc toujours parfaitement justifiée par la politique générale de la guerre ; et, au demeurant, on ne niera pas que l’efficacité de la lutte économique engagée contre nos adversaires ne saurait que gagner à une attitude de nos forces navales qui, d’un côté, réaliserait le blocus effectif de tous leurs ports, de l’autre, créerait les plus grandes difficultés à leurs sous-marins, obligés de naviguer en surface pour sortir de leurs estuaires ou pour y rentrer.


Mais s’il est malaisé aux partisans de l’attitude purement défensive des flottes de l’Entente de méconnaître les bénéfices que nous procurerait l’offensive maritime, leur jeu paraît avoir des cartes sérieuses lorsqu’ils invoquent les difficultés pratiques des opérations côtières pour les escadres modernes et lorsqu’ils observent qu’en ce qui touche l’action navale dans la Baltique,

  1. Revue des Deux Mondes du 15 juillet : « Les offensives conjuguées. »