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qui pourront se procurer la carte hydrographique du littoral allemand de la mer du Nord reconnaîtront qu’il existe, entre les îles qui couvrent, — imparfaitement, — cette côte, des chenaux que l’on peut utiliser pour prendre des positions de flanc favorables pour le bombardement des points intéressans.

J’ajoute que la multiplication de ces véhicules, robustes, simples, peu coûteux, est encore un des meilleurs moyens de leur rendre l’avantage sur la batterie de côte. Le nombre est déjà une protection ; il ajoute toujours aux chances de succès.

Enfin, — et nous arrivons au trait essentiel de cet exposé, — il convient de ne faire intervenir nos bombardes modernes que lorsque la vivacité des feux de la défense aura subi un ralentissement sensible sous les coups combinés des canons longs des navires de haut bord et des appareils aériens spécialement construits pour ce genre d’opérations.

Les résultats obtenus dans les bombardemens exécutés sur Zeebrugge et, mieux encore, sur l’arsenal de Pola par des aéroplanes ou des hydravions ne permettent plus de nier l’efficacité de ce nouveau moyen d’action, destiné à bouleverser la technique de toutes les opérations de guerre. Et il est bien surprenant que l’on ne s’en soit pas avisé plus tôt ! Si cette idée s’était fait jour depuis seulement deux ans, si on ne l’avait étouffée quand elle commençait à germer dans certains esprits[1], les progrès de l’hydravion de bombardement, — pour ne parler que des sièges maritimes, — eussent été tels que l’on pourrait se passer des bombardes flottantes. En fait de tir plongeant, qu’y a-t-il de mieux que la chute verticale d’une bombe sur la carapace ou l’armement à détruire ? Malheureusement, l’emploi « intensif » et méthodique en même temps de nos appareils aériens dans l’attaque des ouvrages de côte se heurte encore à des difficultés qui ne permettent sans doute pas de renoncer au concours des bateaux plats[2]. C’est d’abord le nombre qui manque ; et le nombre est ici une faculté d’autant plus essentielle que, par son mode d’action même et par

  1. Je prends la liberté de rappeler à ce sujet les mutilations qu’a subies mon étude du 15 février 1915, ici même, sur « la guerre aérienne. »
  2. Aux dernières nouvelles (fin août), on apprend que les Italiens emploient, dans leur attaque du Carso, outre les monitors anglais et leurs grandes batteries flottantes, des radeaux armés qui circulent sur les lagunes voisines de l’embouchure de I’Isonzo. Voilà donc réalisé le « desideratum » que je formule depuis longtemps.