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REVUE SCIENTIFIQUE



CHIRURGIE DE GUERRE





J’ai indiqué dans ma dernière chronique comment évolue normalement vers la guérison une plaie de guerre où les réactions de défense de l’organisme triomphent des processus infectans ; j’ai décrit aussi, et sommairement, le cas opposé où les germes pathogènes triomphent de la résistance du sujet et amènent toutes les navrantes complications des plaies avec, comme conséquences, la nécessité d’amputer et souvent la mort. Pour compléter ce dernier tableau, j’aurais dû donner quelques indications sur la flore microbienne extrêmement complexe que le microscope repère dans ces infections en voie de généralisation ; qu’il me suffise de dire qu’on y découvre à la fois des espèces anaérobies, c’est-à-dire ne pouvant vivre qu’à l’abri de l’air, et des espèces aérobies. Parmi les premières, le micrococus fetidis (Fiessinger), le vibrion septique, le bacillus œdematiens (Weimberg), le redoutable B. perfringens se font surtout remarquer avec diverses variétés intermédiaires. Parmi les aérobies, c’est généralement le streptocoque et le staphylocoque qui dominent.

Cette symbiose, cette cohabitation, cette complicité des microbes qui ne peuvent vivre dans l’air et de ceux qui ne peuvent vivre sans lui est caractéristique d’un grand nombre des accidens graves des plaies de guerre. Il semble d’ailleurs que les anaérobies, que l’existence de cavités closes favorise évidemment, soient les plus néfastes, leurs compagnons paraissant en partie destinés surtout à absorber l’oxygène avoisinant. Et ceci est dès l’abord une raison puissante