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civiles et d’après l’avis de la municipalité, fut de le rétablir, dès que la reprise du travail permit à la population de recouvrer, avec son indépendance nationale et son statut social, la liberté de ses transactions commerciales.

Aujourd’hui, grâce à l’initiative de l’armée, ce coin de Picardie, où l’on sont le voisinage de l’Ile-de-France, a retrouvé, sinon toute sa prospérité, du moins une bonne part de son aménité ancienne. Non seulement nos soldats territoriaux se sont mis à l’œuvre, sous la direction du génie, pour la réparation des maisons endommagées par l’ennemi au moment de sa retraite, mais encore un rapport, daté du 20 mai 1917, et qu’on veut bien me communiquer, constate qu’à cette date, aux environs de Noyon, « cinquante-deux hectares étaient déjà ensemencés, » et que « tous les jardins potagers ont été bêchés et semés. »

Le recommencement de la culture maraîchère dans la zone reconquise n’est qu’une partie de l’œuvre qui fut entreprise par l’armée, dès l’heure où nos troupes ont repris possession des secteurs dévastés par l’ennemi. Les statistiques les plus récentes nous apprennent que la grande culture, aux environs de Noyon, occupe une contenance de douze cents hectares. On a semé de l’avoine, du trèfle, de la luzerne, du sainfoin. On a planté des pommes de terre. Douze hectares ont été prévus pour l’orge, seize pour les betteraves. Enfin, il y a cent hectares de prairies artificielles, et quatre-vingt-dix sont ensemencés en seigle. Mais, hélas ! neuf cents hectares sont restés incultes, faute de main-d’œuvre agricole.

Le commerce urbain s’est relevé plus vite que les métiers champêtres. A Noyon, dès le 30 avril, cent trente-sept boutiques ou magasins étaient déjà ouverts. Actuellement, on en compte cent quarante-cinq. Lorsqu’on passe sur la place de l’Hôtel-de-Ville et dans la rue de Paris, on remarque une animation que le retour des habitans, non moins que la circulation des permissionnaires en partance pour l’intérieur ou pour le front, accroît de jour en jour et presque d’heure en heure. Plusieurs hôtels ou restaurans sont rouverts. Les patrons des tables d’hôte ont du pain en quantité, de la viande fraîche, du vin blanc ou rouge, du fromage, des fruits. Le trafic, dont les résultats sont immédiats, rapidement tangibles, n’impose pas à l’homme ces longues patiences dont les travailleurs de la terre sont