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pas signaler aussi les recherches faites sous sa direction par une de ses élèves, Mlle Alice Hartmann, relativement à la vitesse de cicatrisation des plaies stérilisées en fonction du temps et de la surface de la plaie.

On est arrivé ainsi à des lois simples exprimées par des courbes continues et dont l’intérêt n’est pas seulement spéculatif, car elles fournissent un instrument de contrôle inespéré. Lorsqu’en effet la courbe observée s’écarte de la courbe théorique, on peut être sûr qu’il existe une cause anormale retardatrice de la cicatrisation, et l’attention du chirurgien est ainsi aiguillée vers la recherche, soit d’une stérilisation insuffisante, soit d’un corps étranger inaperçu, soit d’un mauvais état général du blessé qui auraient sans cela échappé à sa vigilance.

Cette belle méthode, aujourd’hui, — mieux vaut tard que jamais ! — envoie de généralisation, et qui est, dit-on, très en honneur dans les hôpitaux de nos ennemis mêmes, n’a pas obtenu chez nous droit de cité sans des difficultés et des résistances regrettables. Mais les résultats qu’elle a donnés sont si probans, elle a permis, dans un très grand nombre de cas, de réduire à tel point la durée de la guérison et la nécessité des amputations, que personne aujourd’hui n’en ose plus contester la valeur.


La méthode dont je vais parler maintenant, la méthode du docteur Mencière, n’a pas eu moins de peine à forcer le crédit qui lui revient légitimement.

Le problème, tel que se l’est posé Mencière, consistait également à trouver un antiseptique assez puissant pour détruire les germes pathogènes, et cependant inoffensif pour le protoplasma cellulaire, donc assez puissant, si j’ose dire, pour éteindre l’incendie sans détériorer la maison.

Des antiseptiques à la fois puissans, inoffensifs et stables peuvent-ils se rencontrer ? Championnière, qui fut en France le premier évangéliste de l’antisepsie chirurgicale, s’était servi des essences, dont il avait eu de bons résultats. Elles ont l’inconvénient de n’être pas des principes chimiquement définis. Une essence provenant d’un champ de violettes à Grasse n’est pas la même que celle recueillie à Hyères. Provenant du même champ à Grasse, elle variera d’une année à l’autre et même d’un jour à l’autre. Enfin, dans un même flacon, sa composition changera de semaine en semaine.