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et, leur montrant le village avec un fusil allemand ramassé par terre, il chante toujours, à gorge déployée : Y a d’la goutte à boire là-haut, y a d’la goutte à boire ! On le suit de plus en plus, l’élan gagne, la troupe reprend le refrain, on marche, on court, on charge, et la place, le soir, est à nous. Objet de l’une les plus belles citations parues à l’Ordre de l’Armée, nommé officier de la Légion d’honneur, blessé, âgé, mal guéri, il succombera aux suites de ses blessures, et mourra de son héroïsme, mais l’héritage en sera recueilli par ses fils, qui semblent, tous les quatre, le recevoir chacun tout entier ! Trois fois cité à l’ordre de l’armée, trois fois blessé, chevalier de la Légion d’honneur, Jacques du Paty de Clam, capitaine de chasseurs à pied, est amputé d’une jambe. François du Paty de Clam, capitaine de hussards, est cité à l’ordre de son régiment pour vingt mois de bravoure et de « merveilleux allant. » Blessé, et cité à l’ordre de la brigade, Charles du Paty de Clam sauve son bataillon en se couchant sur une caisse de grenades, pour y faire matelas de son corps et l’empêcher de prendre feu. Commandant de l’Archimède, Michel du Paty de Clam est enlevé par une lame en torpillant un transport autrichien, et sombre dans sa victoire… Et voici l’admirable liste des Daras… Georges est prisonnier, et Maurice trois fois blessé. Un troisième, l’aîné, Henri, est amputé d’une jambe et chevalier de la Légion d’honneur. Un quatrième, Charles Daras : la mâchoire fracassée et chevalier de la Légion d’honneur. Un cinquième, Louis Daras : tué à l’ennemi. Un sixième, Pierre Daras : dix-huit ans et tué à l’ennemi. Et le septième, Michel Daras : englouti dans un torpillage en veillant au salut de sa troupe. Il meurt, mais il a sauvé ses hommes !

Nobles familles, et qui devaient l’exemple, mais qui le donnent magnifiquement, et que va cependant dépasser encore celle des de Maistre !

Au général baron de Maistre, arrière-petit-fils d’un maréchal de camp d’Henri IV et chef des barons de Maistre, ou des de Maistre de France, il est resté trois fils de ses nombreux enfans, Armand, capitaine de cavalerie, Emmanuel, capitaine d’artillerie, André, sous-lieutenant de réserve, et la mort du troisième a la beauté de l’épopée. En avant de sa section, il l’exhorte au combat, quand une balle le frappe à la hanche. Sans fléchir, il poursuit son exhortation, tombe foudroyé par une seconde