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mécontentement contre le citoyen Caulaincourt ; ses principes politiques ne sont pas en harmonie avec les miens, et si enfin l’exagération est un défaut, du moins faut-il aimer la liberté avec vérité et chaleur. » En route, les choses s’aggravèrent au point qu’il parut décidé à renvoyer en France cet officier de vingt-trois ans, « jeune, fat et présomptueux ; » il le donna en effet pour maréchal des logis à l’ambassadeur que la Turquie envoyait à Paris : c’est ce qu’il appelle « une commission brillante, » mais, ajoute-t-il, « notre divorce n’en est pas moins fait pour la vie. » Il se mit en bataille rangée contre Pampelonne et tous les officiers faisant partie de sa mission. « Quant à mes alentours, écrit-il, j’ai douloureusement éprouvé que j’avais fait des ingrats ; aussi en est-il résulté que je renvoie journellement ceux que j’avais emmenés. »

Des deux généraux qui formaient sa « maison militaire, » l’un, Antoine Menant, était sa créature très humble. Né à Lyon en 1762, entré au service en 1778 dans Brie-infanterie, resté dans les bas grades jusqu’en 1791, élu alors lieutenant par le bataillon de Rhône-et-Loire, pris pour aide de camp par Dubayet en 1793, passé sur la demande de celui-ci adjudant chef de bataillon, puis adjudant chef de brigade, général de brigade en l’an IV lorsque Dubayet fut ministre de la Guerre en l’an III, il n’alla pas plus loin et fut retraité à vingt-deux ans huit mois et vingt jours, dès que le Consul, libre de ses mouvemens, purifia l’armée des avancemens révolutionnaires. Il vivait fort bien sous la Restauration avec ses 2 000 francs de pension. Sa carrière est le plus frappant exemple du favoritisme tel qu’il se trouva pratiqué sous la République.

Quant à l’autre, qui avait reçu, pour accompagner Dubayet, le titre de premier secrétaire d’ambassade, Claude Carra de Vaux de Saint-Cyr, il appartenait à une famille originaire de Picardie, venue au XVIIe siècle dans le Lyonnais où elle accéda à la bourgeoisie et se trouva anoblie, à la fin du XVIIIe siècle, par des petites charges ; elle était représentée alors par trois fils : Carra de Vaux, Carra de Saint-Cyr et Carra de Rochemure. Claude Carra de Saint-Cyr, né en 1756, sous-lieutenant dans Bourbonnais-infanterie en 1774 avec Dubayet, lieutenant en premier en 1782, capitaine en 1785, avait été commissaire des Guerres de 1785 à 1792 où il avait ; pris sa retraite. En janvier 1793, il s’engagea au 2e bataillon des volontaires de Rhône-et-Loire et