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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Depuis longtemps, on annonçait de grands préparatifs allemands dans la Baltique; depuis quelque temps, il n’y avait plus de doute que sur le point où porterait l’attaque; attaque navale, ou double attaque combinée par terre et par mer. L’imminence de ce péril était la première des raisons invoquées dans l’appel, plus patriotique que séditieux, du général Korniloff. L’occupation de Riga, la possession du bassin inférieur de la Dvina, rendaient l’expédition plus facile ou possible; aussi bien l’Empire « invincible, » dont « l’avenir est sur l’eau, » mais le présent dessous, avait-il là, avec un échec à réparer, sa façade d’orgueil à recrépir. Et puis, ce que nous ne savions pas, ce que le monde étonné a appris par l’étrange confession publique de l’amiral von Cappelle, il y avait les équipages mutinés d’une flotte qui se rouillait dans l’inaction à reprendre en main et à guérir d’une indiscipline à laquelle aucune force, même allemande, ne survit ni ne résiste. Une opération de grand style était donc certaine, mais où ? Serait-ce en Courlande, sur les bords du golfe de Riga, sur les côtes de Livonie ? Ne serait-ce pas en Finlande, où l’Allemagne ne voudrait pas perdre les fruits de la plus savante des préparations, telles qu’elle met tous ses moyens à les faire, et telles que par avance elles lui livrent, pense-t-elle, le pays miné et le peuple corrompu ? En Finlande, elle travaillait sur un vieux fonds de séparatisme et d’antipathie qui lui assurait le plein de ses chances, et, pour la dernière secousse à donner, elle savait, les ayant elle-même formés, qu’elle trouverait des « cadres » dressés à la prussienne. Enfin, de Helsingfors, avec de bons yeux et de longs bras, peut-être se flattait-elle de découvrir et d’atteindre Pétrograd.

Nous sommes maintenant fixés, au moins sur le point de départ. Une