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le maréchal Bernadotte général en chef de l’armée et Mathieu, — le nôtre, — ministre de la Guerre. Ce ne sont que des on-dit dont une partie pourra bien se réaliser. »

Six jours après, le 26 nivôse (16 janvier) : « Dimanche, nous avons eu grand cercle aux Tuileries, à la fin duquel, suivant l’usage, l’Impératrice a fait sa tournée. Quand mon tour est arrivé, elle m’a demandé de tes nouvelles, si tu n’étais pas enceinte et, m’a-t-elle ajouté, Constance me doit un filleul.

« Lundi, nous passâmes, Mme Adélaïde et moi, une partie de la matinée chez notre princesse. Elle eut assez de visites le matin et comme elle avait donné congé à la dame de service, elle nous chargea de faire les honneurs. Le soir, nous nous rendîmes toutes chez elle en habit de cour pour la fête du Corps législatif. Le local n’était pas disposé pour recevoir une si grande affluence de personnes, de sorte qu’on y étouffait, et l’Empereur, l’Impératrice et toute la Cour se sont retirés de très bonne heure, c’est-à-dire à dix heures. Hier, j’ai dîné chez Marescalchi[1]pour la première fois depuis mon retour. Il nous a très bien reçus. Il y avait en femmes Mme de Gallo[2]et deux autres : une duchesse allemande et une princesse espagnole. J’étais à table entre Caprara[3]et le prince Giustiniani[4]. Ce dernier m’a dit avoir passé une soirée très agréable chez toi, il y a environ un mois. Caprara qui avait fait ma conquête à Milan n’est plus dans mes faveurs, il souffle comme un bœuf. Aujourd’hui, bal à l’Empereur chez notre princesse Caroline ; nous faisons toutes les honneurs. Je serai habillée en robe de mousseline lamée qui m’a été donnée pour mes étrennes et coiffée avec du velours cerise et de la même mousseline que ma robe, j’aurai avec cela deux plumes blanches. Te voilà bien au courant, j’espère, de toutes mes actions, jamais compte rendu n’a été plus fidèle. »

Constance, elle aussi, tient sa mère au courant de tout ce qu’elle fait et de ce qui lui arrive ; la voici enceinte pour la seconde fois, et Mme Saint-Cyr en est très occupée. Cependant elle continue son existence agitée et quand ses journées et ses

  1. Ferdinand Marescalchi, ministre des Affaires étrangères du royaume d’Italie, en résidence à Paris.
  2. La signora Maddalena Mastrillo, marquise del Gallo, femme du ministre de Naples à Paris.
  3. Grand-écuyer de la couronne d’Italie, neveu du cardinal.
  4. Léonard Giustiniani, comte de l’Empire en 1810 (1759-1823.)