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nouvelles de Charpentier et que tu étais bien. Hier, étant en visite chez la princesse Caroline, j’y ai rencontré Mme Campan à qui M. Toinon ( ? ) avait parlé de toi. Voilà comme de temps en temps j’attrape quelques mots te concernant…

« Je t’ai envoyé par la messagerie une poupée tout habillée en costume de cour. Ce sera ton modèle si l’Impératrice va à Milan. C’est Mme Murat qui l’a fait faire exprès. Tu devrais prendre ton courage à pleine main et écrire à la princesse pour la féliciter de la nouvelle dignité que l’Empereur vient de conférer à son mari. Il est à présent Altesse sérénissime[1]. Mme Lambert est enfin des nôtres. Elle a été nommée samedi et est entrée de service dimanche. Cela me donne trois semaines de repos. L’aumônier est aussi nommé. C’est M. l’archevêque de Barral[2], frère du nôtre[3]. Toute la maisonnée est invitée à dîner demain, pour faire connaissance apparemment.

Les plaintes continuent avec un peu plus de vivacité, et les lettres s’abrègent. Le 27 pluviôse (16 février) à la fin, Mme Saint-Cyr écrit : « Je t’en veux de ton excessive paresse, j’espère bien qu’en carême tu voudras bien faire pénitence et, par cela même, m’écrire très souvent. Pour moi, je ne m’aperçois pas trop de la différence de ces deux différens temps de l’année. Je me suis reposée trois semaines et demain je commence mon service de toute la semaine. La princesse ne se presse pas d’accoucher, mais elle ne peut plus aller dans le monde. Elle ne sort que pour aller se promener au ci-devant bois de Boulogne, car il n’existe plus puisqu’il est tout en allées. Une autre nouvelle, c’est que Mme Tallien se marie et, avant de recevoir ce nouveau sacrement, elle s’est jetée aux pieds du Pape pour lui demander sa bénédiction[4]. Bien des personnes ont paru étonnées de cette ferveur religieuse, mais quelqu’un qui la connaissait sans doute plus particulièrement assura que

  1. S. A. S. Mgr le maréchal Murat, grand-amiral. 12 pluviôse an XIII (1er février 1805).
  2. Louis-Mathieu de Barral, sénateur, archevêque de Tours, né à Grenoble, le 20 août 1746, fut après le divorce aumônier de l’impératrice Joséphine.
  3. Le frère de l’archevêque est Joseph-Marie, député au Corps législatif, premier président de la Cour impériale à Grenoble. Il avait épousé Mlle de Tencin et était le propre beau-frère de Mme de Barral-Beauharnais.
  4. Marie-Jeanne-Ignace-Thérèse Cabarrus, mariée le 3 août 1805, à François-Joseph-Philippe de Riquet de Caraman, qui fut prince de Chimay, par diplôme du roi des Pays-Bas, du 21 septembre 1824. Elle avait eu avant ce troisième mariage sept à huit enfans, dont deux étaient légitimes.