Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 42.djvu/300

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de cour brodée ou non. C’est une dépense trop considérable pour que je prenne sur moi de la faire faire à ma fantaisie : ma queue de velours et la robe de satin blanc, la broderie seule de ces deux objets a coûté 1 400 francs. Mlle Lolive m’a dit que celle de printemps se faisait en taffetas moiré.

« As-tu coupé tes cheveux ? Tu ne m’en as plus parlé depuis que je t’avais permis de t’en défaire ? Comme tu serais aimable si tu les avais conservés ! La dernière coiffure des jeunes femmes comme toi, ce sont les cheveux bien séparés sur le front, un seul crochet sur les deux sourcils, un rang de perles beaucoup plus bas que la séparation des cheveux de devant et de derrière, lequel rang de perles va se perdre dans le chou derrière. Telle était la coiffure des dames Duchâtel[1], Savary, etc., dans les derniers bals. Elle leur allait très bien. Les robes étaient en crêpe blanc ; un ruban pouponné en bas, ensuite trois rubans blancs satinés prenaient du côté gauche jusqu’au bas de la robe du côté droit, à trois doigts de distance les uns des autres, et à chaque ruban, en bas, un bouquet, ou des roses, œillets, hortensias, etc. C’était simple et joli. D’autres avaient des corsets brodés sur toutes les coutures en argent et les basques à dents de loup. C’est un journal de modes que je t’envoie ; j’espère que tu seras contente de moi… »

A présent, c’est Mme Saint-Cyr qui n’écrit pas, mais où en trouverait-elle le temps ? « J’ai eu, dit-elle, le 5 germinal (26 mars), ma semaine à faire et dimanche nous avons assisté à la cérémonie du baptême du dernier fils de la princesse Louis, à la suite duquel il y a eu dîner, spectacle, — on joua Athalie, — et cercle. Enfin nom fûmes invitées pour quatre heures à Saint-Cloud et nous n’en sommes sorties qu’à minuit et demi. Ma santé se soutient passable. J’ai eu dimanche la visite de M. de Caprara qui venait me demander mes commissions pour toi… C’est à lui que je compte remettre celle-ci. »

Aussi, est-elle brève ; mais elle se dédommage quatre jours après, le 9 germinal (30 mars), où, de Maisons, elle donne « les détails de tout ce que j’ai fait, écrit-elle, depuis le dimanche au matin 26 ventôse[2], où je recommençai ma semaine auprès de

  1. Marie-Antoine-Adèle Papin, mariée en 1802 à Charles-Jacques-Nicolas Duchâtel, directeur général des Domaines, âgé de 49 ans, dame du palais de l’Impératrice.
  2. 17 mars.